SIAM FIGHT MAG

Le magazine du Muay Thai et de la Boxe Thai, vous trouverez tout sur le Muay Thai.

JEAN CARRILLO de Toulouse à Los Angeles

Temps de lecture : 7 minutes


NICHOLAS READ: Bonjour JEAN CARRILLO peux tu te présenter à nos lecteur?

JEAN CARILLO: Bonjour, je m’appelle Jean Carrillo, j’ai 42 ans et je suis dans le pieds-poings depuis 1988 ou j’ai été représentant IFO WKA pour la Franche Conté ?

Tu es né où et tu as grandi dans quel coin ?

Je suis né à Toulouse et j’ai grandi dans le quartier de la Faourette (quartier HLM toulousain), et je suis fier de dire que nous avons été les premiers habitants du quartier.

Depuis combien de temps enseignes tu le KICK-BOXING et le MUAY THAI ?

J’enseigne depuis 1988, avec mon tout premier club à Belfort où j’ai formé Laurent Vauclair qui à l’époque a été champion de France. Mais surtout Noy Phisanoukane qui était tous simplement l’un des neveux du célèbre boxeur thaï Somsomg!

Quels diplômes as-tu?

Je suis diplômé WMTC en 2001, WKA Full Contact (World Karaté Association) en 1993, Ceinture Noire 4ème Degrés de Kick Boxing en 1995, Moniteur de Muay Thaï (Jacques Mairesse) en 1994, IFO WKA Entraîneur en 1988, Diplôme de Professeur de Kick Boxing CNKB en 1997, Certificat d’Aptitude au Professorat de Muay thaï (FFMT) en 1991, Instructeur Israël Elite Combat Kapap – Krav Maga (Israël) en 2006, Ceinture Noire 3ème Dégrée ISKA de Kick Boxing ISKA, Entraîneur de Kick Boxing ISKA en 1994, Brevet Fédéral d’Entraîneur FFKB DA en 2007, Juge Arbitre FFKB DA en 2007, Brevet Fédéral de Professeur de Kick Boxing en 2007, FFSC Brevet de Moniteur Fédéral 2° K1 Rules, Kick Boxing, Muay Thaï, Diplômé d’état…

Comment s’est effectué ta rencontre avec le KICK-BOXING et le MUAY THAI?

En grandissant dans le quartier de la Faourette, tu n’as pas le choix, c’est le foot ou les Arts Martiaux et les sports de combats, pour moi ça a été les sports de combats dès l’âge de 13 ans

Qu’est ce qui t’a donné envie de faire le métier d’entraîneur ?

J’ai toujours aimé enseigner, et voir des jeunes évoluer, partir de rien et réussir quelque chose qui n’a pas de prix. Quand tu croises quelqu’un qui te dit, «merci Jean c’est grâce à toi que j’ai une vie comme ça, j’ai gagné des titres etc…» Ça n’a pas de prix, tu ne peux pas l’acheter. Quand tu lis ton nom quelque part et que l’on te remercie alors que tu ne demandes rien ça fait toujours chaud au cœur…

Que t’a apporté la pratique de cetart martial ?

Ma vie a changé, j’ai eu la chance de faire le tour du monde, coacher des boxeurs autour du monde, entrer dans un club de pieds-poings, peu importe où tu es, mais dès que tu commences à travailler aux paos ou au sac de frappe, tu n’as pas besoin de parler la langue du pays pour te faire des amis. Il n’y a aucune frontière dans ces sports…

Pourquoi avoir voulu vivre aux Etats-Unis ?

Je suis parti aux USA en 1996, j’ai rencontré ma femme Dianna lors de mon dernier séjour en Californie et ça a été le coup de foudre. Si je n’avais pas rencontré ma femme, je ne serais jamais parti aux USA. Dieux merci, mon choix a été le bon. J’avais un club à Toulouse le CBC (Carrillo Boxing Center) avec plus de 250 élèves. Je suis celui qui a amené le Kick Boxing et la Boxe Thaï à Toulouse dans les années 90. J’ai formé beaucoup de champions et certains qui sont champions maintenant ont démarré chez moi

Combien de temps as-tu vécu aux ETATS-UNIS ?

J’ai vécu 12 ans aux USA dans le sud de Los Angeles (Californie)

Est-ce que tu suivais l’actualité française des sports pieds-poings ?

Je n’ai pas trop suivi l’actualité du pieds-poings en France, mais j’ai eu l’occasion de faire boxer Philippe Baudron l’un de mes boxeurs de Toulouse qui a été plusieurs fois champion de France et d’Europe en Kick-Boxing, Vice champion d’Europe et de France en Full-Contact, et Vice champion d’Europe de Muay Thai. Je l’ai fait boxer à Tokyo, superbe combat et incroyable combattant. Et aussi Nicholas Read l’un de mes anciens boxeur, Champion d’Europe de Muay Thai, Vice champion intercontinental Nord Américain, Vice champion de France en Full-Contact et Vice champion du Monde pour un titre mondial en Muay Thaï IKKC WCK à Los Angeles contre Melchor Menor (Champion du Monde WKA). Ce combat a été magique car Nicholas a eu « les couilles » de le boxer alors qu’il s’était cassé une partie du pied à l’entraînement quelques jours avant le combat. Il y est allé au moral et a fait ses 5 rounds, il a perdu aux points mais il avait fermé l’œil de Melchor Menor. J’ai coaché aussi Tarik Benfkik (Team Zeitoun) en 2006 à Las Vegas.

Tu faisais quoi comme travail là-bas ?

Je m’occupais du groupe de Rock Def Leppard quand ils sont en tournées, j’entraînais et coachais des Combattants en Muay Thaï et MMA aux USA. Je m’occupais de l’entraînement des Forces de l’ordre en Californie, la Police, Sheriff et SWAT (Commando de Police)

Quels conseil aurais tu aimé recevoir quand tu as commencé l’enseignement ?

J’aurais aimé que l’on me dise de faire un peu plus attention aux émotions. Quand tu entraînes et coaches, de savoir les contrôler. Si tu ne contrôles pas tes émotions, ce sont tes émotions qui te contrôlent… Et aussi, arrêter d’écouter les ragots

Quels sont tes plus beaux souvenirs en tant qu’entraîneur ?

Mes plus beaux souvenirs sont définitivement les débuts de mon club à Toulouse. (Je regarde quelquefois les vidéos qui on été faite dans mon ancien club de Toulouse, les déplacements, les soirées entre boxeurs et les voyages). Et puis quand mon combattant Razor Rob est devenu Champion du Monde MMA à Las Vegas et a été élu «plus beau KO» en 2006 contre Olaf. Aussi avoir coaché 2 fois Manu N’Tho à Los Angeles au Great c’était une très bonne expérience. Manu est un boxeur au grand cœur!

Comment prépares tu tes combattants ?

Je prépare mes combattants en mettant l’accent sur le cardio (cordes, course à pied, paos) avec des séries que j’ai spécialement créé et qui mettent mêmes les meilleurs boxeurs en difficultés.Rien n’est plus malheureux que de voir un combattant sans cardio. Je mets beaucoup de travail sur le mental, si le mental lâche tu peux avoir les meilleures techniques du monde, c’est fini. Mes boxeurs et encore plus aux USA sont entraînés à faire des combinaisons, travaillant sur des opposés, par exemple démarrer en bas, puis aller en haut pour revenir en bas. Je déconseille de frapper au même endroit 2 fois de suite, mais frapper puissamment à un endroit, faire mal pour attirer l’attention et frapper à l’opposé. Le combat se gagne à l’entraînement et non pas sur le ring…  

Que penses-tu de la démarche consistant à étudier plusieurs styles différents d’arts martiaux ?

A mon avis, il faut se servir des autres styles comme des épices, mais si tu en mets trop à la fin tu ne reconnais plus le plat. Prenons par exemple mon style. Tous mes boxeurs le savent, Jean Carrillo c’est la Frappe, le Strike. Quand j’entraînais Rob, son style c’est le Strike, on y ajoute du combat au sol bien sûr, mais avant tout, quand on le voit, on le reconnaît, c’est un Striker. Pour résumer je dirai que l’anglaise est indispensable dans un sport pieds-poings et doit être pratiquée chaque jour. J’ai appris tellement aux USA sur l’anglaise que je me suis aperçu qu’avec seulement 4 techniques gauche, droite, crochet et uppercut tu peux faire des choses incroyables, demander aux Thaïs ce qu’ils pensent de l’anglaise, ils ont compris et appliquent…

Peux tu nous raconter quelques bons souvenirs de coaching ?

Des bons souvenirs, par ou commencer car il y en a tellement. Je travaillais avec Duke Roufus (champion du Monde de Kick Boxing) et un jour il m’appelle et me dit «Jean j’ai reçu un appel de Sami Kebbchi, il fait un France-Thaïlande à Las Vegas et voudrais que Kongnapa (qui est quand même 4 fois champions du Radja) combatte Pascal Lafleur. Veux-tu venir, on prépare Kongnapa et on va à Las Vegas?». On est allé à Las Vegas et je me rappelle que cela faisait bizarre d’y être, coacher Kongnapa (Thaïlande), contre Pascal Lafleur (France) moi qui suis Français. Kongnapa a gagné par K.O au premier round, en anglaise.

Quels sont tes meilleurs souvenirs avec les grands champions?

Rob a gagné 4 ceintures mondiales en MMA avec moi, j’ai eu la chance de travailler avec Tito Ortiz, Rampages Jackson, Tikki Goeshn, Sean Mc Cully, Duke Roufus, Kongnapa, Manu N’Tho, Tarik Benfkik et surtout je pense que l’une de mes plus belles rencontres a été de rencontrer et de m’entraîner 5 jours avec Ramon Dekkers et Cor Hemmers en 1993 dans les Alpes!

Peux tu nous parler des combattants que tu as formé ou entraîné? Et de leurs palmarès ?

J’ai eu la chance de former, coacher, entrainer et rencontrer des champions comme: Laurent Vauclair Champion de France, Philippe Baudron qui a été plusieurs fois champion de France et d’Europe en Kick-Boxing, Vice champion d Europe et de France de Full-Contact, Vice champion d’Europe de Muay Thai, Nicholas Read Champion d’Europe de Muay Thai, Vice champion Intercontinental Nord Américain, Vice champion de France de Full-Contact, Fabrice Bastié Champion de France, Terrence Bastié Champion de France, même Gafary Bousari (champion de France de Muay Thai, Champion d’Europe de Muay Thai) a été chez moi à ses débuts. Et je les respecte tous pour ce qu’ils sont devenus. Razor Rob 5 fois champion du Monde de Muay Thaï, 4 fois champion du Monde en MMA, Manu N’Tho Champion du Monde de Muay Thaï et de Drakka, Sean Mc Cully champion UFC, Tito Ortiz Champion UFC, Rampage Jackson Champion UFC, Tiki Goeshn Champion MMA, Rani Yaha Champion du Monde de Ju Jitsu Brésilien et Champion MMA…

Peux tu me raconter comment tu as rencontré RAZOR ROB qui est un très bon ami à toi ?

J’ai rencontré Rob en 1998, il m’a été présenté par l’un de ses amis qui m’a dit «Jean il y a ce jeune irlandais qui est très agressif et a un bon potentiel, à mon avis, mais le Muay Thaï n’est pas sa tasse de thé». Je lui ai dis «amène le moi et on va voir». Effectivement j’ai été surpris par son attitude, sa détermination et son dévouement. Il s’entraîne tous les jours, je le poussais au bout de ses limites et je peux te dire que c’est un guerrier. Il n’a jamais perdu un seul combat avec moi aux USA, il a prit 4 ceintures Mondiales en MMA et 5 en Boxe Thaï!

Puis je suis parti en Floride pour pratiquement un an et nous nous étions perdu de vue. Je suis revenu en Californie 1 ans plus tard et j’étais sans le savoir dans la même ville que lui. Un magazine pied-poing américains a fait un article sur moi. Quand le magazine est sorti, j’ai reçu un appel de Rob qui m’a dit qu’il lisait l’interview et qu’il avait appris que nous étions dans le même quartier … Rob commençait sa carrière en MMA. Il m’a dit «Jean tu veux m’entraîner, maintenant on va vers du MMA», je lui ai dit d’accord, la suite n’est plus à écrire. Rob est devenu la référence aux USA dans le Strike dans les Cages et il est considéré par la majorité des combattants comme l’un des meilleurs Strikers au monde!

Qu’est ce que tu penses des organisations Française par rapport à celles des Etats-Unis ?

Je pense que les organisations française n’ont rien à envier à ceux des USA, je pense qu’aux USA les boxeurs peuvent arriver très vite très haut, car on ne juge pas trop par classe A, B, C. On propose des contrats à un boxeur par rapport à sa prestation, ils veulent du spectacle et du show. Si tu es un bon boxeur et que tu gagnes tous tes combats mais que ce n’est pas spectaculaire, tes chances d’être reconnu sont petites. Je pense aussi que les boxeurs sont beaucoup mieux payés, plus reconnus, on reconnait leur métier de boxeurs…

Quel regard portes tu sur l’évolution du sport pied-poing en France ?

Je ne porte pas trop de jugement sur l’évolution en France, je viens d’arriver…

Que conseillerais tu à une jeune qui désire faire une carrière d’entraîneur ?

Je lui dirai c’est l’un des plus beau métiers du monde. Je lui dirais de garder patience, de rencontrer le plus possible d’entraîneurs, de trouver ton style et se perfectionner dans ce style. Par exemple, moi le style de Ramon Dekkers est celui qui m’a le plus influencé dans ma personnalité et ma façon d’entraîner, mais j’ai essayé de pratiquer et d’étudier plusieurs styles. Pour en finir, je dirais à ce futur entraîneur qu’il ne compte pas les heures d’entraînements, les jours et les années pour former un champion…

Arrives tu à vivre de ton sport ? (Si non) Quel métier exerces tu aujourd’hui ?

Je vis très bien de mon sport et de ma passion et je n’ai pas à me plaindre, j’ai la chance de faire le tour du monde 6 mois par an en tournée avec le groupe de Rock DEF LEPPARD sans compter les séminaires et les combattants que je coache.

Pourquoi être revenu vivre en France  » le manque du pays » ?

Je suis revenu car je suis venu voir un ancien ami et élève en vacances, qui habite en Bretagne. Il fait de la Self Défense, il m’a dit «viens dans mon club voir mes élèves et si tu veux donner un cours…» Chose que j’ai faite avec plaisir. Mais je ne sais pas si c’est parce que j’ai travaillé tous les jours plus de 10 ans aux USA avec des champions mais je me suis aperçu que tous ses élèves étaient lents, mais surtout très motivés à la fin du cours pour s’entraîner avec moi. Mon ami m’a dit «Jean viens vivre ici, on peut faire un grand club ici, tu vois qu’il y a un gros potentiel et de la demande. Tu enseignes le Pied-Poings et le Strike et moi la self défense». En voyant le fort potentiel en Bretagne, après 12 années passées aux Etats-Unis et mon goût pour les challenges, je me suis dit pourquoi pas. Et puis ma femme adore la France!

Peux-tu nous parler un peu du STRIKE COMBAT ? Où peux ton s’entraîner en France ?

Le Strike Combat est un «style» que j’ai créé à la demande des Swat Teams. Les techniques traditionnelles ne les satisfaisaient pas. J’ai réfléchi à leurs besoins, j’ai revisité tous les arts martiaux que j’ai enseignés et j’ai pris dans chaque discipline le geste adapté. Il s’agit de self-défense ou les pratiquants apprennent le comportement et les gestes adaptés en cas d’agression. Les effets enregistrés auprès des Strikers sont immédiats, certains se sont vus transformés personnellement en 3 mois d’entraînements; transformations physiques (je travaille le cardio avec les pratiquants) mais aussi transformations comportementales avec des effets sur la gestion des situations de crises. J’enseigne en Bretagne mais mon ambition est de faire connaître le Strike Combat sur tout l’hexagone. Pour plus de renseignements allez sur le site www.StrikeCombat.fr  .

Tu veux ajouter quelque chose ?

Oui, j’espère que le MMA va éclater et être un peu plus reconnu en France car même si cela parait « violent » et « sans règles » c’est un sport de folie ou rien n’ai gagné d’avance, j’adore! J’ai l’intention de reformer des Combattants en Kick Boxing, en Boxe Thaï et en MMA. Merci à André Zeitoun qui a été le premier à m’appeler en France et offert son aide et à Francis Hamdaoui qui est venu il y a quelques semaines me voir chez moi et pour son amitié qui n’a pas changé malgré mon absence. Merci à SIAMFIGHTMAG, cela me fait énormément plaisir de faire ma toute première interview en France, je tiens à dire à tous mes élèves de Toulouse que je ne les ai jamais oubliés et qu’ils ont toujours une place dans mon cœur. C’est quand même là que tous a commencé et que la majorité des profs à Toulouse doivent se rappeler que c’est là qu’ils ont démarré. Mon cœur garde aussi une place spéciale à mes élèves de Bretagne avec qui je construis sur la terre de Bretagne, battue par les vents, qui porte les combattants celtes passés et présents. Bonne continuation à SIAMFIGHTMAG et comme on dit aux USA « GOD BLESS YOU ALL »

Merci d’avoir répondu à cette interview et Good Luck pour la suite