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LE CAMP SOR KANITSORN

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LE CAMP SOR KANITSORN

Special report by Serge TREFEU (2010)

Ce minuscule camp se trouve dans la banlieue de Bangkok à Thonburi. Près de l’avenue Phetkasem, à deux pas de la gare de Thonburi. Le camp doté d’une infrastructure plus que sommaire ne comporte qu’un ring et deux sacs de frappes. Il est coincé entre une voie de chemin de fer et un élevage de chèvres en pleine air. C’est un camp typique au moyen dérisoire comme ils en existent des dizaines dans la capitale et ses environs. Ici on est bien loin des grands camps aux infrastructures dernier cri…

Le camp est collé à la voie ferrée et toutes les demi-heures lorsqu’un train passe en faisant un vacarme épouvantable, la structure métallique et le toit en tôle du camp tremblent de partout !

De l’autre côté du camp, il y a des frêles baraques en tôle avec un grand terrain vide parsemé de détritus et de quelques ruines. On a l’impression qu’une mini tornade est passée par là pour ne laisser que les fondations des maisons. Au bout du terrain se trouve un élevage de chèvre qui gambadent parfois jusqu’au camp…

Les sept boxeurs du camp qui sont habitués à ces conditions précaires s’entrainent malgré tout dans la bonne humeur. Cinq d’entre eux dorment dans la toute petite pièce qui est près du ring, heureusement pour eux après 21 h les trains ne passent plus. Mais dès 5h30, à l’aube, ils sont réveillés par le premier passage de la journée du train infernal…

L’entrainement commence vers 7H du matin où tous les boxeurs cours durant une heure dans les ruelles adjacentes au camp. Ensuite l’échauffement en sautant à la corde s’effectue sur le seul sol carrelé qui reste sur le terrain dévasté. En effet, le propriétaire du camp Mr. Sakchai Keamapirak avait sa maison mitoyenne à son camp avec une chambre plus spacieuse pour ses boxeurs. Mais à cause de problème financier sa maison a été détruite et il n’en reste plus que les fondations. Son camp qui existe depuis maintenant 15 ans a failli aussi disparaître mais heureusement il a pu le conserver avec sa poignée de boxeur…

L’échauffement se poursuit par les traditionnels sauts sur les pneus de camion. Cet exercice renforce aussi les mollets qui sont des muscles indispensables à développer pour tout bon nakmuay. Les choses sérieuses commencent avec la séance de pao qui est très physique. En période de combat, chacun leur tour, durant sept rounds de cinq minutes les boxeurs se déchainent sur les paos. A chaque fin de round ils effectuent vingt middles. Avant le début de la séance et à la fin de la séance aux paos, ils font trente pompes, cinquante pour le plus expérimenté. Ils terminent par des rounds aux sacs et une séance de clinch qui dure en général trente minutes. L’après midi l’entrainement commence à 16 heure pour se terminer vers 20 heures…

Le plus connu des boxeurs de ce camp est Chatsamai Sor Kanitsorn qui avec près de 200 combats à battu quelques pointures dans sa catégorie. Aussi dans les années 2000 Isarapab Sor Kanitsorn était un redoutable combattant avec ses poings. Il a d’ailleurs fait quelques combats en anglaise.

Aujourd’hui c’est Rungaroon Sor Kanitsorn qui à 25 ans est le plus ancien du camp. Avec plus de 100 combats au compteur dont une grande partie au Lumpinee, il est très redouté dans la catégorie des 115 lbs (52 Kg) car c’est un boxeur dur au mal qui avance sans cesse. Il a déjà battu des champions comme Lougbun, Chaleumsap, Sakeddao et Nazeelek.

Les autres combattants sont Phetmai, 14 ans avec 30 combats, Sirichai, 16 ans avec 40 combats, Samlangsok, 16 ans avec 84 combats, et enfin le petit prodige Phompet, 9 ans qui a déjà 60 combats et a été champion de la région centre à seulement 5 ans !

Dans ce camp les boxeurs sont tous sous contrat avec le promoteur N°1 du Lumpinee, Petchyndee,  mais ils peuvent combattre dans tous les stadium de Bangkok.

Un seul entraineur s’occupe avec fermeté de ces petits guerriers, c’est Suwat Jorhpromma qui a gagné le S1 individuel 2004 en République Tchèque contre le champion Tchèque Michal Vancura. Le palmarès de Suwat est de 160 combats pour 120 victoires. En 2009 il devait venir en France pour un championnat du monde contre Moussa Konaté mais à cause de problème de visa il n’a pas pu venir affronter le champion français.

Seulement trois étrangers sont venus s’entrainer ici, le français Thierry Virapol qui a maintenant son propre camp à Bangkok et deux américains de passages dans la capitale.

Les « farangs » (étranger) sont les bienvenus dans ce camp. Mais pour les boxeurs qui veulent tenter l’expérience dans ce petit camp « roots » il est préférable qu’ils soient prêts aux conditions très rudes, ici ce n’est pas pour les habitués des camps luxueux 4 étoiles…