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Mouhib Benyahya Le plus dur des combats

Temps de lecture : 6 minutes

Interview de Mouhib Benyahya

By Nicholas READ (2019)

LE PLUS DUR DES COMBATS

Bonjour   Mouhib, Merci de m’accorder cette interview pour Siam Fight Mag ?

Salut Nicolas, merci à toi d’être venu vers moi pour faire cette interview 

Pour commencer cette interview, tu as grandi dans le sud de la France, dans la région toulousaine ?

Oui à Colomiers exactement dans le quartier des Fenassiers

Peux tu te présenter en quelques mots pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Je m’appelle Mouhib Benyahya et j’ai 27 ans, je suis Français d’origine Marocaine 

Comment tu as découvert le Muay Thai ? C’était en quelle année et tu avais quel âge ?

J’ai découvert le Muay Thai très tôt par le biais de mon frère. Je devais avoir 14 ans, c’est lui qui m’a inscrit en 2006 au club MNM BOXING 

Qu’est-ce qui t’as attiré particulièrement dans cet Art Martial ?

Et quel a été le déclic qui t’a poussé à aller t’entraîner dans une salle ?

Pour moi, la boxe Thaï est le sport de combat le plus complet, le fait de pouvoir utiliser les coude, les genoux, les saisies, le Nak Muay est le boxeur le plus complet, c’est cela qui m’a attiré dans ce sport…

Tu te souviens de ton premier entraînement    ?

Je ne me rappelle pas de mon première entraînement. Mais dès le début quand j’ai commencé la boxe et que je voyais les classes A (Professionnel), j’ai vite voulu avoir leur niveau pour pouvoir boxer comme eux  !

C’était dans quel club et avec quel entraîneur ?

J’ai commencé au MNM BOXING avec Rachid Zeryouh qui par la suite a ouvert sa propre salle le BOXING FACTORY où je l’ai suivi. Je préparais mes combat avec Nacer, un coach. J’ai eu aussi Yacouba Cisser et Malik Skou qui ont récupéré la salle. Ils se sont occupés de moi dans ma préparation et ils étaient dans mon coin pour mes combats

Dans ton club, est ce qu’il y avait des champions  ?

Est ce que tu les connaissais ?

Oui, il y avait beaucoup de champions comme Modibo Diarra qui est plusieurs fois champion du monde en Boxe Française. Aussi des grands boxeurs comme Nasro Moktari qui est un ami d’enfance, Haytam Bousmaki et également Malik Skou qui est plusieurs fois champion de France en Muay Thai, Yacouba Cisse et pleins d’autres. C’est une grande salle avec beaucoup de compétiteurs, une grande famille où chacun apportait son expérience pour progresser tous ensemble

Qu’est ce qui t’a donné l’envie de monter sur un ring et de vouloir faire de la compétition ?

Monter sur le ring, c’était le moyen pour moi de savoir ce que je valais et cela s’est plutôt bien passé. J’ai un naturel de compétiteur, je cherche toujours à être le meilleur  !



Y a t-il des nakmuays qui t’ont inspiré en Thaïlande ou en France à tes débuts  ?

Le boxeur qui m’a marqué c’est Ramon Dekkers avec sa boxe dévastatrice. J’ai eu l’occasion de participer à un stage de boxe avec lui et c’est quelque chose de le voir s’entraîner en vrai 

Combien as-tu de combats à ton actif ? (Toutes disciplines)

J’ai fait plus de 30 combats avec plus de 10 qui se sont terminés victorieusement avant la limite, toutes disciplines confondus, en Boxe Thaï, en K1, en Kick Boxing et en Boxe Anglaise. J’ai gagné un titre de champion de France K1 en classe B en 2013

Tu es parti en Thailande, c’était en quelle année ?

Je suis parti en Thaïlande en décembre 2013 et je suis rentrée en février 2014

Qu’elle a été le déclic qui t’a motivé à partir au pays du Muay Thai ?

Ce qui m’a poussé à partir en Thaïlande c’était vraiment de pouvoir progresser et de m’entraîner comme les Thaïs. Mon défaut,  avant, c’était mon cardio. J’ai perdu plusieurs combats à cause d’un mauvais cardio. Du coup, je voulais partir là-bas pour travailler ça et pour vraiment vivre la boxe Thaï toute la journée avec des entraînements le matin et le soir

Tu t’es entraîné dans quel camp ?

Je me suis entraîné au Singpatong à Phuket. Là où le champion Damien Alamos (Champion du Lumpinee) s’entraînait

Tu as fait d’autres camps en Thaïlande    ?

J’ai été voir d’autres camps par curiosité. Mais ils étaient trop touristique par rapport au camp Singpatong. De plus, au Singpatong, il y avait aussi pas mal de noms comme Alka Matewa (Champion du Monde), Pentai (Champion du Lumpinee), Penek (Champion du Lumpinee), Rafi Bohic  (Champion du Lumpinee) !

Est ce que tu as une anecdote qui t’es arrivé dans un camp ?

Je n’ai pas d’anecdote en particulier. Mais j’ai aimé m’entraîner au Singpatong. J’ai eu l’occasion de mettre les gants avec Arthur Meyer (Champion de France, vainqueur du tournoi Super Muay Thai), de tourner au corps à corps avec Alka qui m’a donné des bons conseils. Avec le recul, je me rends compte que j’ai rencontré du beau monde…



Combien tu as fait de combats en Thaïlande ?

J’ai fait un mois complet, juste entraînement et vraiment pour travailler le cardio, ma condition physique. Puis, j’ai enchaîné les combats. Au total, j’ai fait deux combats en Thaïlande. Un à Phuket et un autre à Koh Samui. Et j’ai fait un combat en Malaisie à Kuala Lumpur

Ta première expérience de combat en Thaïlande s’est bien passée ?

Pour mon premier combat, j’ai boxé un Chinois que j’ai mis KO au premier round. Mon deuxième combat, j’ai perdu aux points contre un Thaï



Tu as boxé en Malaisie pour une ceinture en Muay Thai, peux tu nous en dire plus ?

Oui en Malaisie c’était pour une ceinture, un match organisé par le club Kuda Merah pour un super fight international. Je me suis incliné aux points face à Ban Mero, une star locale

Il y avait aussi Mohamed Souane qui a boxé ce jour là, je crois, il n’était pas encore connu ?

Oui Mohamed Souane  (Champion du Monde Phoenix, Vainqueur du Tournoi Max Muay Thai ceinture Or), il n’était pas encore connu et il a commencé à se faire remarquer notamment à cette soirée où il a boxé. Mohamed a aussi combattu pour une ceinture, il a fait un gros combat qu’il a gagné



Il s’entraînait dans le même camp que toi ?

Nous nous entraînions ensemble au Singpatong Gym

Tu as tourné avec lui ?

Je n’ai pas souvent mis les gants avec lui. Mais nous allions souvent courir ensemble

Revenons sur ton combat, c’était pour une ceinture de l’organisation ou un championnat du monde ? 

Non, c’était une ceinture de l’organisation pas un championnat du monde

Peux tu nous en dire plus sur ton adversaire ?

Ban Mero est un boxeur Malaisien qui est petit de taille mais qui frappe fort avec ses jambes

Tu as représenté un camp pour ce combat ?

J’ai boxé pour le camp Singpatong


Comment tu as eu cette opportunité de boxer pour une ceinture ?

En fait, tous s’est enchaîné vite à la suite de mon premier combat. Numnoi  (Propriétaire du Singpatong Gym) est venu me voir à la fin du combat, il m’a proposé de boxer la semaine d’après à Koh Samui. J’ai accepté tout de suite sans savoir qui j’allais boxé. Après ce combat, à mon retour au camp, j’ai rencontré un promoteur Français qui vivait en Malaisie. Il m’a proposé ce combat en Malaisie pour la semaine d’après. Il y avait une ceinture en jeu. Je n’étais pas blessé, j’ai donc accepté tout de suite. Nous étions plusieurs du camp Singpatong à partir en Malaisie. Il y avait moi, Mohamed Souane, un boxeur Thaï et Hicham, un Français qui vit en Thaïlande



Aurais tu une anecdote sur ce combat à nous raconter ?

Le jour du départ, j’étais avec Mohamed Souane devant le camp Singpatong, nous attendions qu’on vienne nous chercher pour aller en voiture à l’aéroport. La voiture arrive, nous montons à l’arrière d’un pickup et direction l’aéroport qui est à 30 minutes de route. Une fois arrivée à l’aéroport, je me rends compte que j’ai oublié mon passeport à l’hôtel. C’est la panique, je me suis dit c’est mort, je vais rater l’avion. Je suis retourné à l’hôtel et je suis revenu à l’aéroport pour monter au dernier moment dans l’avion  !

En parallèle, quand tu es revenu en France, tu as commencé une carrière en boxe anglaise ?

Pourquoi ?

Pas assez de combats en pieds poings ?

Cela faisait un petit moment qu’on m’avait proposé de combattre en boxe anglaise. Mais je voulais uniquement me consacrer au Muay Thaï. A mon retour de Thaïlande, j’ai commencé  une carrière en boxe anglaise. J’ai écouté les conseils de personne du milieu comme Doudou Ngumbu qui m’a motivé à me lancer et d’essayer la boxe anglaise

Tu t’entraînais dans quelle salle en boxe anglaise ? 

Le club du Boxing Factory à ce moment a ouvert une section en boxe anglaise avec Phillipe Lemee. J’en ai profité pour m’entraîner dans la même salle. Je m’organisais deux cours par semaine en pure boxe anglaise et trois cours par semaine en Muay Thaï

L’adaptation n’a pas été trop dure en combat, sans pouvoir faire des saisies, des coups de genou et des coups de coude  ?

La boxe anglaise était mon point fort, j’avais beaucoup de facilité, du coup cela s’est super bien passé l’adaptation pour moi 

Combien de combats en amateur tu as fait ?

Tu devais passer professionnel en Boxe Anglaise ?

J’ai fait deux combats en amateur. Il était prévu de faire un troisième combat avant de passer professionnel

La veille de ton combat, il y a un événement qui a fait basculer ta vie. Peux tu revenir dessus et nous en parler ?

La veille de mon dernier combat en boxe amateur, avant de passer Pro en boxe anglaise, j’ai eu un accident de moto, le 16 mai 2014. A cause de cet accident, je suis resté cinq jours dans le coma. Mon pronostic vital était engagé. Quand je me suis réveillé, on m’a dit que j’allais être paraplégique. On m’a fait comprendre que j’étais passé pas loin de la mort. Ce qui m’a sauvé a été ma condition physique, du fait que je sois un sportif…

Une passion qui a bouleversé ta vie ?

Oui, ma vie a complètement changé. Mais j’ai toujours cet esprit de compétiteur. Je ne lâche rien. J’ai conscience que je suis passé pas loin de la mort. Mais aujourd’hui, je suis encore là. Donc, j’en profite au maximum et je m’épanouis autrement. Je suis toujours dans le milieu de la boxe. J’entraîne régulièrement les enfants. Moi en parallèle, je fais un peu de musculation…

Que dirais tu à un ami qui aime faire de la moto ?

La moto reste un plaisir. Je ne veux pas empêcher un ami de faire de la moto. Mais juste en me regardant, je penses que cela vaut mille mots. Après, bien sûr, à chaque fois j’insiste sur le fait de bien s’équiper en moto. C’est super important et surtout de ne pas faire le fou sur la route…

Il y a un autre nakmuay qui a eu la même histoire que toi. Il s’appelle Guillaume Mautz. Tu as déjà entendu parlé de lui ?

J’ai connu son histoire après que tu m’en ai parlé. C’est un gars fort mentalement. Il a gardé la joie de vivre. C’est le plus important 

Comment tu as vécu ton terrible accident qui t’a privé de tes jambes sachant que tu étais un sportif aguerri ?

Je ne vais pas dire que c’est facile. Mais je fais avec car je n’ai pas le choix. Mais je garde toujours la joie de vivre. Ma vie est différente aujourd’hui. Elle a complètement changé. Mais elle n’est pas pour autant plus moche. Elle est juste différente…

Mentalement, est ce que la boxe t’a aidé à rebondir dans le quotidien  ?

Pas que mentalement. Cela m’a aidé beaucoup plus. On m’a raconté que pendant que j’étais dans le coma, j’avais constamment les poings fermés.  Comme si je boxais, je luttais.  Juste ça, c’était un combat. Où peut être, juste un round que j’ai gagné  !

Tu suis toujours l’actualité des sports pieds et poings ?

Oui, je suis toujours l’actualité. J’étais au Glory 47 à Lyon où Cédric Doumced, Fabio Pinca ont combattu. Je vais souvent à Paris pour les championnats de France. Quand des gars du club sont au rendez-vous, c’est à dire tous les ans (Rire). Après, je suis l’actualité sur les réseaux sociaux 

Que penses tu du niveau du Muay Thai en France ? 

En France, nous avons un gros niveau avec des boxeurs Français reconnus jusqu’en Thaïlande qui représentent bien le pays

Il y a quelque mois, tu es passé sur la chaîne C8 dans une émission TV, peux tu revenir dessus et nous en parler un peu plus ?

Je suis passé sur la chaîne C8 vraiment par hasard. Tous les vendredis, ils mettent en avant des personnes en situation de handicap. J’ai une amie qui y a participé. Elle leur a parlé de moi. Que j’étais un ancien boxeur qui a eu un accident et que je suis aujourd’hui en fauteuil roulant.  De là, ils sont entrés en contact avec moi. A la base, je devais passé à l’émission de Cyril Hanouna. Mais il y a eu un contre temps. J’ai fait l’émission «  C’est que de la télé  » avec Valérie Benaime. L’émission s’est super bien passée, c’est une belle expérience  !

Veux-tu rajouter quelques mots pour nos lecteurs ?

Dans la vie, il y a des hauts, il y a des bas, il faut toujours s’accrocher et se battre !