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PASCAL IGLICKI

Temps de lecture : 12 minutes

Interview de PASCAL IGLICKI par serge TREFEU (2008)

 

Serge TREFEU: Bonjour Pascal, ça va ?

PASCAL IGLICKI : Oui très bien

Tu es depuis longtemps dans le milieu des pieds et poings en tant que journaliste sportif, étant plus jeune as tu pratiqué un sport de combat ?

Comme beaucoup j’ai commencé par le judo, on va dire que c’est un passage obligatoire, puis j’ai fais du karaté avec mon frère au Dojo Paris 18e et au Budo Club Paris 11e avec des épais de l’époque, il y avait Hérvé DANIEL et Pierre BLOT. Après je me suis surtout lancé dans la musculation (body building), c’était dans les années 80. Ca pourrait faire sourire certains mais j’avais un bon niveau, je me suis entraîné longtemps. Et parallèlement à ça, j’ai fais de la boxe américaine (Full Contact) avec Pascal LEPLAT.

Tu as fais ça durant les années 80 ?

Oui, j’ai arrêté le sport en 1991, l’année de la mort de mon père…

En Full Contact, tu as déjà combattu ?

Non, je n’ai pas fais de combat que de l’entraînement mais j’ai mis les gants avec des mecs qui étaient pas trop mauvais. J’ai mis les gants avec Leplat (champion du monde Pro WKA de Kick Boxing, champion d’Europe Pro de Full Contact)

C’était dans quel club, tu t’en souviens ?

Oui, à l’époque ce club s’appelait « le Club du Chemin Vert » dans le 11ème arrondissement de Paris, il y avait une piscine et on s’entraînait là. Pascal (Leplat) je l’ai connu en 1982. C’est marrant parce qu’à l’époque j’étais culturiste et on c’est connu dans un club de vacance en Italie, on était les deux seuls sportifs du club, et on est devenu vachement pote. Après on s’est revu sur Paris et je me suis un peu occupé de lui pour lui trouver des combats.

A l’époque LEPLAT c’était déjà un grand champion ?

Oui, il avait commencé par le karaté pour passer en Full Contact. Il a été l’un des tous premiers français à rencontrer Fred ROYERS (Champion du monde de Kick Boxing, Champion d’Europe de Boxe Française, Champion du Monde de Karaté) en Full Contact sur tatamis !

Qu’est ce qui t’a donné l’envie de faire ce métier, journaliste sportif en pieds et poings ?

C’est vraiment un concours de circonstance, j’ai toujours baigné dans le sport mais je n’étais pas fais du tout pour être journaliste. Au départ je devais être mécanicien, électricien automobile, tu vois ça n’a absolument rien à voir. Mais je savais que je ne passerais pas ma vie dans un garage. Alors quand je suis sorti de l’école j’ai d’abords bossé dans la pub de nombreuses années. En faite, tout c’est déclenché au début des années 80, c’était en 83 ou 84. Avec Pascal Leplat, Denis Travel, Djamel Laguerre qui était un super combattant de l’époque, et un bon pote à moi Gilles, on est partis sur Marseille. Leplat devait rencontrer Christian BATTESTI (4 fois champion du monde Pro Full Contact, 9 fois champion d’Europe Pro Full Contact). Denis et moi on coachaient les mecs. Pascal perd aux points mais fais un grand combat face à Batttesti, Djamel lui avait mis une volé à une vedette locale qui s’appelait Eddy Bétiole. Après le gala on s’est tous retrouvé avec les organisateurs pour une bouffe, c’était déjà Erick Roméas (organisateur de la prestigieuse « Nuit des Champions ») qui était co-organisateur avec Jean-Claude Wustenberg. A l’époque, il y avait déjà un magazine qui s’appelait « Boxe Américaine Magazine » et qui en était déjà à quelques numéros. Donc en discutant avec les éditeurs de ce magazine, ils m’ont demandé si je voulais être leur correspondant sur place à Paris comme j’avais déjà des connexions avec la boxe thaï et le Full. Car tout se passait sur Paris, la boxe thaï, le Full, en province il n’y avait pas grand chose. A l’époque, il y avait surtout de la boxe thaï mais aussi beaucoup de Full, le kick boxing c’est venu après. C’est parti comme ça, j’ai commencé à être le correspondant pour ce magazine. Puis au fil du temps on se retrouvait toujours au bord du ring avec un mec qui bossait pour le magazine Karaté Bushido avec qui j’ai sympathisé et qui s’appelait Jean-Paul Maillet. Et en 86, comme Jean-Paul allait être bloqué pour des reportages qu’il devait faire pour Karaté, il m’a demandé si je pouvais le suppléer. J’ai dis Banco et mon tout premier papier pour Karaté Bushido, en 86, c’était une interview de Christian Battesti qui devait rencontrer à Marseille Yousef ZENAF (champion du monde de Full Contact). Et mon tout premier compte rendu de combat, c’était le grand retour de Rob KAMAN (champion du monde de boxe thai, kick boxing et Full Contact) contre Enerst Simmons ! Tu vois un truc bien lourd pour mes premiers reportages, c’était assez sympa…

Ca fais combien de temps que tu travaille pour Karaté Bushido ?

En octobre 2008 ça fera 22 ans. Voila j’ai essayé d’apporter pleins de chose, on ne peut pas plaire à tout le monde, mais je ne pense pas avoir fais du mauvais boulot…

Tu voyage souvent à travers le monde pour tes reportages, notamment en Asie, combien de fois as tu été en Thaïlande et au Japon ?

La première fois que je suis partis au Japon c’était en 1995, j’accompagnais Jérome LE BANNER (Champion du Monde de Kick Boxing et de Boxe Thaï, Finaliste du K1 Grand Prix en 1995 et 2002), c’était pour son tout premier K1. Depuis j’ai du aller 45 fois au Japon. En Thaïlande j’y suis allée la première fois en 1993, et j’ai du y aller une quarantaine de fois, et à chaque fois c’est un grand plaisir d’aller en Thaïlande et au Japon…

Peux tu me parler de tes premiers reportages en Thaïlande et notamment ceux que tu as bien aimer faire ?

Quand on parle Muay Thai, on parle tout de suite combat, un ring avec des mecs qui se tapent mais il n’y a pas que ça, il y a toute une culture avec plein de chose à découvrir derrière et c’est notre boulot à nous journaliste de faire découvrir tout ça. Bien sur, c’est bien de couvrir les grandes soirées qui ont lieu au Lumpini, au Radja, c’est important parce que ça fait toujours rêver le lecteur qui ne peut pas y aller. Des bons reportages, il y en a certains que j’ai bien aimé faire grâce notamment à Gilles LAMBOUX (premier français à créer un camp à Bangkok), j’ai toujours eu des bons potes qui m’ont bien aiguillé sur Bangkok et sa région. Donc l’un des bons reportages que j’ai fais c’était sur des enfants pris en charges par des moines bouddhistes qui les formaient à devenir des champions de Muay Thai, c’était vraiment sympa. Si Gilles ne m’avait pas emmené là-bas je n’aurais jamais pu trouver l’endroit Un autre reportage grâce à Gilles Lamboux encore, et là, je peux le dire je pense que c’est la vérité, je suis le premier journaliste européen à avoir fais un reportage sur le camp Sor Ploenchit, c’était en 1999. A l’époque personne n’était jamais rentré dans ce camp, il n’y avait que deux champions qui étaient rentrés c’était DIDA et JAID. Moi j’y suis rentré en tant que journaliste et j’ai découvert un camp fabuleux, on se croirait au Japon quand on rentre dans ce camp… Aussi lors de l’un de mes premiers voyages en Thaïlande (1995) je me suis retrouvé au Sityotong de Pattaya avec Jo PRESTIA (champion du monde de boxe thai), Guillaume KERNER (champion du monde de boxe thai), JAID (champion du monde de boxe thai et de kick boxing) et DANY BILL (8 fois champion du monde de boxe thai). J’en ai profité pour faire un reportage avec eux à l’entraînement. Un très bon souvenir. À l’époque il y avait aussi Jean-Charles SKARBOWSKY (champion d’Europe de boxe thai) mais il était un tout jeune classe A. En 2004 je suis partie à Bangkok à la rencontre de TONY JAA. Bien avant que le film Ong Bak ne sorte. Je me suis rendu au studio Sakmongkol où Jaa s’entraînait avec son équipe de cascadeur. Lorsqu’il a vu mon interprète Jean-Charles Skarbowsky (classé N°1 au Radja en 2004), il l’a tout de suite reconnu pour l’avoir vu combattre à la télé. On ne devait rester que 1h30 pour faire le texte et les photos et en fait nous somme restés presque cinq heures avec lui. Encore un excellent souvenir. Et bien sur comme tous ceux qui adore la boxe thai, les reportages sur les stadiums du Lumpinee et du Radjadamoen. La toute première fois ou tu rentres au Lumpinee, tu as la chaire de poule ! Le lumpinee je l’ai fais découvrir à mes lecteurs, pas uniquement le ring, l’intérieur, le système comment ça se passe et j’ai fais la même chose pour le Radja. Enfin tous les anniversaires du Roi que j’ai pu couvrir avec Sami KEBCHI ont été de très, très bons souvenirs. Mentalement il faut être très fort pour combattre à l’anniversaire du Roi, c’est des combats très durs. L’anniversaire du Roi c’est à chaque fois une nouvelle expérience. Nos français étaient très forts avec des DIDA (champion du monde de boxe thai et de kick boxing), NIKIEMA (champion du monde de boxe thai), SARI (champion du monde de boxe thai, champion du Lumpinee), DANY BILL etc. Tous ces mecs là, c’était vraiment super. J’ai fais plein d’autres reportages mais ceux là étaient assez sympa…

Quels sont tes meilleurs souvenirs avec les grands champions thais ?

Je me souviens d’une année ou je suis parti en Thaïlande et il y avait Somrak KAMSING, grande star en Thaïlande, premier champion olympique d’anglaise qui venait d’être papa. Et avec Stéphane Nikiema on a été le voir à la maternité où sa femme avait accouché. Tu sais comment il est Somrak, ce n’est pas facile de l’approcher, c’est un grand personnage, il a été reçu par le Roi. Et nous on était là tranquille avec lui à la maternité, c’était sympa… Là-bas j’ai côtoyé aussi Samarth PAYAKAROON, que j’ai vu il y a pas très longtemps, HYPPI aussi et j’ai eu la chance de suivre la grande Star du moment, SEANCHAI SOR KINGSTAR qui est extraordinaire et qui d’ailleurs avant s’appelait Seanchai Sor Kamsing parce qu’il boxait pour le camp de Somrak. Des champions j’en ai côtoyé beaucoup mais c’est vrai que de voir Samarth Payakaroon, Hyppi, Seanchai, c’est fabuleux, il y en plein d’autres champions je ne vais pas tous les citer… Aussi il y a un camp que j’adore c’est le JOCKY GYM.

Pourquoi tu aimes bien ce camp ?

J’aime le Jocky pour plusieurs raison, déjà j’ai des bons potes qui ce sont entraînés dans ce camp, qui ont même vécu là-bas, Jean-Charles Skarbowsky et Stéphane Nikiema. Et SOMAT le patron du camp est quelqu’un que j’apprécie énormément, je pense qu’il m’apprécie aussi parce qu’on est toujours content de se voir. J’adore l’ambiance au Jocky, c’est un peu vétuste mais c’est ce que représente le Muay à l’état pur…

Peux tu nous citer un combat en Thaïlande qui t’a fais vibrer ?

J’ai vu de très, très beaux combats en Thaïlande mais tu sais le niveau est tel que les combats sont souvent serrés. Et les thais ont une façon de combattre qui n’est pas forcement explosive comme en Europe, je parle dans le sens du combat. Mais j’ai vu plein de beaux combats au Lumpinee, au Radja et au stadium de Rangsit. Justement au stadium de Rangsit, je me rappelle, j’ai vu un combat très chaud, j’étais avec Gilles Lamboux d’ailleurs. Un des combattants prend un coup de coude, il est ouvert sur la lèvre mais méchamment, normalement en France on arrête tout de suite le combat. Là l’arbitre laisse retourner le mec, et le gars reprend un coup de coude sur la lèvre, on voyait carrément l’os en dessous…

Tu te souviens des premiers galas que tu as couverts dans les années 90 en France ?

Le premier ça été avec Rob Kaman, c’est un peu le top. Mais je crois que chaque discipline pieds et poings, chaque génération m’a apporté quelque chose. J’ai vu des combats fabuleux dans chacune de ces générations. J’ai eu la chance de suivre des générations antérieurs qui étaient à mon sens un petit peu moins techniques, quoi que, mais c’étaient des super guerriers…

La génération d’aujourd’hui tu trouve qu’ils sont moins guerriers ?

Non pas moins guerrier mais aujourd’hui c’est plus la même forme de boxe, le vivier est plus important, la formation n’est plus la même, à l’époque les mecs ils partaient boxer à l’arrache. Je ne te parle pas des pionniers de la boxe thai comme Roger PASCHY mais des mecs comme KOUIDER, des frères DESJARDINS, JAMI, Gilles TIROLIEN, Christian BAFIR et j’en oublie. Ils se sont tapés des hollandais, des terreurs qui étaient déjà au top, il fallait y aller les affronter en Hollande à Amsterdam. Ensuite tout de suite derrière sont arrivés des gars comme André RICHARD NAM, Bruno BENLABED, Stéphane NIKIEMA, Guillaume KERNER, Jo PRESTIA, JAID, que des bons, et j’oubliais aussi Philippe CANTAMESSI qui nous avait fais vibré en boxant ce fameux thai au Palais Des Sports lors d’une grosse soirée retransmise par Canal + et co-organisé par Jacques Séguéla ! Tu vois, cette génération là, je me sens très proche d’elle… Beaucoup de combat m’on fait vibrer à cette époque. Et en boxe Américaine par exemple quand mon pote Pascal Leplat boxait, là je vibrais ! Il y avait aussi ROUFUS (champion du monde de Full Contact), THERIAULT (champion du monde de Full Contact) qui étaient des grands champions de Full. Et Ramon DEKKERS (8 fois champion du monde de boxe thai), on ne peut pas parler de boxe thai sans parler de Ramon Dekkers. Il est resté la légende vivante du Muay, partout dans le monde ou je vais on parle de Ramon même les thais, si il y a bien un nom qui est toujours cité c’est Ramon Dekkers !

Quels combats t’ont marqué jusqu’à maintenant ?

Il y en a plein qui m’ont fais vibré…

Est ce que tu peux m’en citer au moins trois ?

C’est difficile pour les autres mais je dirais en un, à la fin des années 80, le combat de Pascal Leplat quand il est devenu champion du monde de kick boxing face à l’américain Ronnie Deléon, c’était vraiment grand. En deux, quand Jérome Le Banner met K.O Ernesto HOOST (4 fois vainqueur du K1) en 96, j’étais au bord du ring, c’était fabuleux. Hoost était au top niveau et Jérome l’a battu, c’était extraordinaire ce combat. Puis en trois c’est encore avec Jérome, c’était en 99 quand il a mis K.O Peter AERTS (3 fois vainqueur du K1) en quart de final du K1 avec simplement un crochet du gauche ! C’était quand même Hoost et Aerts ! Le combat de Jérome à Bercy aussi, grandiose (Le Banner contre Hunt). Sinon il y a plein d’autres combats qui m’on fait vibrer, je pourrais t’en citer un paquet, Prestia, Dida,Jaid, Nikiema, ils m’ont fais vibré. Il y en a plein des champions, je ne pourrais pas tous les citer, faut surtout pas que certains se sentent vexé que je ne les cite pas, ils m’ont tous apporté des bons moments…

Peux tu me raconter comment tu as rencontré Jérome Le Banner qui est un très bon amis as toi ?

A l’époque je m’entraînais chez Richard Dieux (décédé au mois d’août), « petite pensée pour Richard », et j’étais très pote avec René Pollet, un gars du Havre. René avait quelques boxeurs avec lui, il n’y avait pas encore Jérome Le banner. Et avant, Karaté Bushido se trouvait rue Gobert pas très loin de la salle Jappy. Donc un jour René me téléphone et me dit, tu devrais venir à la salle Jappy dimanche pour les championnats d’Ile de France de Full Contact, c’était en 90. Il me dit qu’il y avait un petit jeune qui boxait et qu’il fallait aller le voir car il n’était vraiment pas mauvais, et c’était Jérome Le Banner. Voila, depuis ce jour là avec Jérome nous sommes restés toujours en contact et c’est devenu un ami…

Tu as suivis beaucoup de combat de Jérome Le Banner ?

J’ai du suivre 95 % de ces combats. Le premier au Japon j’étais dans son coin, c’était un concours de circonstance mais je ne lui est pas porté la poisse, la preuve après il y est retourné et c’est devenu une immense star au Japon. J’ai vu la plupart de ces combats et quand je ne peux pas aller au Japon, il me téléphone de là-bas.

Tu as organisé quelques galas de boxe, peux tu nous en parler ?

J’ai organisé des galas, au milieu des années 80, pas tout seul bien évidemment. J’ai co-organisé un gala à l’Elysée Montmartre, une belle affiche, il y avait LEPLAT (champion du monde de Kick Boxing) contre ZENAF (5 fois champion du monde de Full Contact) et Rocky BENACEF (champion du monde de Full Contact) contre Richard SYLLA (champion du monde de Boxe Française, Kick Boxing et Full Contact). Puis j’ai organisé deux fois à Jappy, toujours avec Pascal Leplat, c’était mon pote. Une quatrième fois j’ai organisé avec Jean-Paul Maillet aux Arènes de l’Agora pour le championnat du monde de Pascal Leplat. A coté de ça je me suis impliqué dans des organisations ou les mecs me demandaient. Comme des galas à la boite de nuit la « Locomotive » ou les parisiens ont découvert Jérome Le Banner, les gens ne le connaissaient pas. Sinon avec les promoteurs j’ai de bon rapport. Si on ne s’aide pas entre nous qui va le faire…

En Thaïlande, est ce que tu connais bien Songchaï, l’un des plus grands promoteurs du pays ?

Oui, je le connais bien, en plus Songchaï j’ai eu l’occasion de le voir pas uniquement en Thaïlande mais aussi à Las Vegas. Il était avec sa femme et moi j’étais avec mon épouse. En toute modestie je peux le dire, il apprécie mon travail, il me l’a déjà dit. Il sait que je fais une bonne promo de sa discipline et que je suis un fin partisan du Muay. A l’époque, quand il était au Lumpinee et que j’arrivais là-bas, Songchaï passait des consignes et j’étais comme chez moi, j’étais à la maison. Idem après quand il était au Radja…

Comment vois-tu le Muay Thai d’aujourd’hui, quelles sont pour toi les futures « star » de la discipline ?

Ca va pas mal en définitive, chaque générations apporte son lot de champion, il n’y a pas de souci. On ne va pas faire une comparaison avec ce qui c’est passé il y à 10 ou 20 ans. Mais là, il y a une tripoté de jeune qui arrive, la relève elle est là, c’est clair. Il y en a même que je ne connais pas et qui sont sûrement excellent. Maintenant ceux que l’on voit régulièrement, je m’excuse pour ceux que j’oublierais, c’est des gars comme Fabio PINCA et Mounir BOUTI. Fabio Pinca, il sort du lot, il est vraiment doué. Mounir Bouti, il péchait peut être un peu par manque de puissance mais par contre c’est un super fiimeu, intelligent, presque un thai. MABEL et CAMARA aussi sont bon. Jonathan Camara est très bon. Abdallah Mabel est un peu plus faignant, il le sait, je lui est déjà dis, mais il est super doué. Abdallah c’est Dany Bill mais en pire, super doué mais un peu faignant, d’ailleurs Dany c’est son idole. Il y a plein, plein de jeune, le petit Mehdi ZATTOU tient je pense à lui aussi, il est bon, malheureusement on ne les laisses pas s’exprimer. Il n’y a plus autant d’organisation comme avant…

Justement, qu’est ce que tu penses des organisations d’aujourd’hui, est ce qu’il va y avoir de nouveau des grands galas comme dans les années 90 ?

Je ne peux pas trop répondre à ce genre de questions, je suis comme les lecteurs et les pratiquants, je suis en attente en espérant que ça se passe bien. Moi l’avantage que j’ai, c’est mon métier et si il n’y a plus rien en France, je peux me déplacer aller en Belgique, en Hollande, au Japon, en Thaïlande, voila. Par exemple les Pays Bas, eux, ils ont pris une avance considérable. Ils peuvent monter un plateau rien qu’avec des néerlandais ! C’est un peu dommage car en France on a des bons, on a un vivier. Mais c’est « en forgeant qu’on devient forgeron », l’entraînement, le sparring c’est bien mais il n’y a rien de tel que le combat pour progresser. Je pense que c’est à tous ces dirigeants d’être enfin un petit peu intelligent et de laisser à tous ces jeunes la possibilité de s’exprimer… Moi j’ai la chance de pouvoir beaucoup bouger et les étrangers ils ne comprennent pas trop ce qui se passe en France. Les gars ils me le disent, « Pascal vous avez des bons boxeurs en France pourtant qu’est ce qui se passe »…

Pour toi actuellement, mise à part la Thaïlande, quel est le pays qui organise les plus belles soirées en Muay Thai et en kick aussi ?

Comme je te l’ai dis c’est les Pays Bas. La Hollande ce n’est pas d’aujourd’hui qu’ils ont une culture énorme en pieds et poings. Déjà fin des années 70 et début des années 80, ils étaient déjà là. Les Hollandais ils sont loin devant nous…

Y a t-il d’autres pays qui commencent à sortir du lot en matière d’organisation pieds et poings et surtout de combattant chevronné ?

Oui, aujourd’hui les forces en présences ont beaucoup changés. Tu as des boxeurs de tous les continents qui deviennent très fort, des Australiens, des Néo Zélandais, des Japonais, des Brésiliens, des Turcs etc. Maintenant en Europe il y a de bons combattants partout, avant on disait en Espagne et en Italie, ce n’était pas terrible, aujourd’hui c’est fini, les boxeurs ont un très bon niveau. Bien évidement, les Pays Bas sorte du lot, on ne peut pas faire autrement, que quelqu’un me dise le contraire, c’est impossible. Voila, et nous en France avant ont sortait vraiment du lot et maintenant on est à la traîne alors qu’on a des super champions, c’est dommage…

Peux-tu nous parler un peu du K1 ?

La première fois que je suis allé au Japon, c’était en avril 1995. Moi, j’étais habitué aux galas dans les salles de Jappy, Coubertin, tout ça, c’était déjà sympa et les galas un petit partout en France et en Europe. Mais le jour ou avec Jérome on s’est retrouvé au Japon, là par contre on c’est pincé, on c’est dis Houla, qu’est ce qui se passe ? Le K1 c’est énorme ! Encore quand on est arrivé, c’était le tout début du K1. C’est vrai qu’aujourd’hui, les mauvaises langues le diront mais ils n’ont pas tort, ils sont un peu en baisse, c’est la vérité. Mais moi j’ai eu la chance de connaître « la fleur » du K1, c’était fabuleux. Pour te dire, en 1998, Jérome avait signé un contrat en boxe anglaise avec Don King et Christophe Courrège. Et il avait comme entraîneur DON TURNER, tu vois qui c’est Don Turner, c’est le type qui préparait Evander Hollyfield entre autres, ce gars il a fait les plus grosses soirées de boxe anglaise du monde. Donc, Don Turner est venu avec nous au K1 et quand il a vu la cérémonie d’ouverture, il a fait « My God ! « . Il n’avait jamais vu ça de sa vie ! Le K1 c’est extraordinaire… Quand tu arrives là-bas, ils viennent te chercher à l’aéroport, tu es pris en main tout de suite, ils t’amènent dans un hôtel 5 étoiles, tu as ton enveloppe avec ton argent dans ta chambre, je parle pour les combattants. Moi j’ai de la chance ils me connaissent bien donc j’ai toujours été bien reçu aussi. Non le K1 c’est incomparable ! J’aimerais ouvrir une petite parenthèse aussi sur un grand combattant du K1. C’est Cyril ABIDI (champion de France de kick boxing, 3 ème au K 1 Grand Prix en 2000 et 2003) même s’il n’a pas fait une carrière comme Jérome Le Banner, il a fait une belle carrière au Japon, faut quand même le souligner. Il a fait de belle performance là-bas. Il a battu deux fois Peter Aerts, il a battu Ray Sefo, François Botta. Il a rencontré Hoost, Bob Sap, il s’est tapé les mecs les plus durs, il sait ce que c’est le K1, le K1 ce n’est pas facile… J’ai eu l’occasion de discuter avec des gars du Faucon Gym (club situé à Villepinte dans le 93) qui ont combattu en ouverture au K1, et c’était très durs pour eux, le niveau est très élevé. Maintenant c’est vrai qu’aujourd’hui, il y en a certains qui n’ont rien à faire au K1, je le reconnais. Avec Jérome on le dit, il y a eu un avant et un après Andy HUG (vainqueur du K1 1996, décédé en 2000). Voila, pour moi le K1 ça reste la plus grande organisation du monde en pieds et poings…

En France, il y a aussi eu de belles organisations, non ?

Oui bien sûr, avec Erick ROMEAS par exemple qui est un grand, grand, professionnel dans ce domaine. Aussi, Sami KEBCHI, on peut lui trouver toutes les critiques du monde, c’est un très bon organisateur. Il nous a donné les plus grands combats qu’on voulait voir. S’il n’y avait pas eu Sami Kebchi, les Dekkers vs Kobal, Prestia vs Dekkers, Dida vs Kobal, Kaman vs Roufus, tout ça on ne les aurait pas eux… Il ne faut jamais cracher dans la soupe, même si ça ne se passe pas toujours bien. Sans ce gars là on n’aurait jamais eu tous ces grands combats. Il ne faut pas oublier que c’est lui qui a fait venir Seanchaï et Yodseanklai, personne ne les connaissait avant, à part les aficionados du Muay mais bon voila…

Je crois savoir que tu es aussi commentateur sur Eurosport, peux tu nous en parler ?

J’ai commencé à être le consultant d’Eurosport pour “Fight Club” en 2002. Un exercice que j’apprécie et qui me permet de raconter des anecdotes. C’est pour moi un grand plaisir de pouvoir commenter, n’en déplaise peut-être à certains. Et c’est un grand plaisir que de bosser avec Charles Henri Odin et Samuel Pagall mes deux acolytes et co-producteur de Fight-Club…

Tu veux ajouter quelque chose pour terminer ?

Que les passionnés continu à assumer leurs passions que ce soit en Muay Thai, Kick Boxing, Full Contact et même Boxe Française qui pour moi est l’une des meilleurs écoles de boxe pieds et poings. Sinon j’ai un petit souci avec internet, j’ai une certaine allergie pour les forums sur la boxe ou certains gens veulent refaire le monde tout le temps. Faut arrêter de se taper dans les pattes et aller tous dans le même sens parce que malheureusement on n’est pas aider par les médias à part Canal et Eurosport qui diffusent quelques trucs. Voila, sinon longue vie à votre site. Pour terminer j’aimerais vraiment dédié cette interview à Richard DIEUX qui s’est donné la mort le 11 août dernier. C’était une figure emblématique des pieds et poings et pionnier du Kick-Boxing et mon ami…

Merci beaucoup