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LE CAMP SITYODTONG

Temps de lecture : 5 minutes

Le camp SITYODTONG

Special report by Serge TREFEU (2009)

Le Sityodtong est l’un des camps les plus réputés et les plus anciens du pays.

Il est situé à quelques kilomètres du centre ville de la sulfureuse station balnéaire Pattaya.

Il a été fondé dans les années 60 par Mr. Yod Tong Sivaralak (nom de combattant Yod Tong Sesanant) qui est aujourd’hui âgé de 73 ans.

Master Yod Tong est un véritable monument historique du Muay Thai.

Dans le milieu de la boxe thai, il est connu à travers tout le pays grâce à ses nombreuses actions pour le développement de son sport.

Les titres honorifiques qu’il a reçus tout au long de sa vie ne se comptent plus.

Il a eu le titre de «Meilleur professeur en Muay Thai» en 2000 qui est le prix «Princess Sirindorn Shield» décerné par le Ministère des Affaires Culturelles.

Et le prix «Artiste de l’année» dans la catégorie des sports et loisirs en Muay Thai en 1989, pour ne citer que les plus importants.

Aujourd’hui, il est Conseiller national des sports à la commission des sports thaïlandaise, membre du conseil des affaires culturelles, et conseillé à Pattaya pour le Muay Thai, le sport et l’école !

Master Yod Tong à baigné tout petit dans le Muay Thai, dès l’âge de 5 ans, il s’entrainait déjà.

Mais il fit son premier combat dans un temple, seulement à l’âge de 15 ans.

Puis, entrainé par son professeur Suwan Senanant, sous le nom de Yodtong Senanant, il a combattu un peu partout dans le pays et au fameux stadium de Bangkok le Ratchadamnern.

Le stadium du Radja dans les années 50 était le plus coté du pays.

Kru Yodtong a effectué 49 combats professionnels avant de stopper sa carrière en 1958, il a monté son propre camp à Mapthaput dans la province de Rayong.

Quelques années plus tard, il a déménagé pour agrandir son camp et s’est installé dans la province de Banglamung qui est à quelques kilomètres de Pattaya City.

Il a ouvert son nouveau camp et l’a baptisé «Sityodtong» qui veut dire les fils de Yodtong.

Son premier grand combattant fut Daotong, un combattant qui a décroché, en 1971, le titre de champion du Lumpinee dans la catégorie mi-mouche.

La machine était lancée et le camp Sityodtong n’allait plus s’arrêter de produire des champions…

Au début des années 80, deux grands champions ont émergé du Sityodtong, ils ont marqué l’histoire du Muay Thai à jamais. Ce sont les deux frères Payakaroon.

L’un est devenu une star du Muay Thai, Kongtoranee ou «Cantaloni» Payakaroon (5 fois champion du Lumpinee).

Et l’autre est une légende vivante de la boxe thaïlandaise, Samart Payakaroon (4 fois champion du Lumpinee, Champion du Monde de boxe anglaise WBC).

Samart Payakaroon est la référence du Sityodtong.

Ce champion, connu mondialement, est considéré comme le plus grand technicien de tout les temps.

En Thaïlande, il est aussi célèbre que l’autre légende des rings, Somrack Khamsing. Comme Somrack, Samart à monter son propre camp puis il est devenu un acteur et un chanteur !

Son frère, Cantaloni, est toujours resté dans le camp Sityodtong où il est devenu un entraîneur.

A la même époque, il y a eu aussi Wangkaew (champion du Lumpinee),

Sornsil Siturn Payorm (2 fois champion du Lumpinee),

Super Noi Sitchorchai (champion du lumpinee).

Puis, dans les années 90, Chatchai Paiseethong (2 fois champion du Lumpinee), Petdam Lookborai (champion du Lumpinee),

Nuengpichit (champion du Lumpinee, champion du Monde),

Detpitak (champion du Lumpinee), Sanliam (champion du Lumpinee),

Yodseanchai (champion du Lumpinee) et enfin une autre star du Muay, Yoddecha (Champion du Monde).

En 2000, le champion qui marqua ces années fut Yodsanan Sor Nanthachai, il a remporté le titre de champion du monde WBA en boxe anglaise en 2002 et il a défendu victorieusement son titre jusqu’en 2005. Il était surnommé « Le Tyson thaïlandais » à cause de sa puissance phénoménale.

En tout, ce sont près d’une vingtaine de ceintures de champion du Lumpinee et plusieurs ceintures de Champion du Monde qui sont sorties de ce prestigieux camp !

Aujourd’hui, le camp ne possède pas de star comme à sa grande époque mais un vivier de jeune graine de champions qui ne vont pas tarder à éclore.

Les plus aguerris, actuellement, sont Mangkornyok (Champion de Pattaya), Yotalong (champion du stadium Fairtex) et Yodnumchai (Champion du stadium Fairtex).

Le Sityodtong avec sa réputation internationale a aussi attiré les meilleurs champions étrangers de la planète.

Les stars hollandaises André Brilleman, Fred Royers, Rob Kaman,

Ramon Dekkers, Miloud El Geubli, Mustafa Yamali, Moesid Akamrane,

Remy Bonjasky, Albert Kraus, Ali Gunyar, Alvia Lima, les champions anglais Ronnie Green et Keith Nathan, les champion américain John Moncayo et Walter Michalowsky, le champion australien John Wayne Parr, le champion autrichien Fadi Merza, le japonais Mushachi sont venus s’entrainer ici, et bien d’autres encore…

Du côté des combattants français la liste est longue aussi, Jaid Seddak, Guillaume Kerner, Jo Prestia, Stéphane Nikiéma, Christophe Leveque, Danny Bill, Jean-Charles Skarbowsky, Totof, Nash Ular, Farid Villaume, Karim Saada, Djamel Yacouben, Abdoul Touré, Fabio Pinca, des plus anciens aux nouvelles générations, ils sont tous venus un jour s’entrainer au Sityodtong.

Même le «King» du karaté, Dominique Valéra s’est entrainé dans ce camp mythique !

Le Sityodtong c’est aussi exporté car on trouve des camps officialisés par «Kru Yodtong» dans plusieurs pays, les plus connus sont aux Etats-Unis et à Singapour.

Le camp de Pattaya est énorme, une véritable petite usine à nakmuay.

Deux immenses bâtiments abritent 4 rings, 17 sacs de frappes et un magasin de matériel de boxe.

Les étagères sont remplies de gants usés par le nombre incalculable de boxeurs qui sont passés au fil des années dans ce camp.

Une douzaine d’entraineurs sont là, tous les jours, pour faire suer les boxeurs de tout niveau, du débutant au professionnel.

Et les entraineurs sont à la hauteur de la situation car ils ont de sacré référence.

On peut citer parmi eux le propre fils de Master Yodtong, Toy Yodtong qui a formé de nombreux champions, Cantaloni ancienne star des rings,

Nuengpichit ancien champion du Lumpinee, Yoddecha ancien champion du monde, Yodsanan ancien champion du Monde WBA,

Daorung ancien champion de Thaïlande, Saknarong ancien champion de Thaïlande, Yodrit plus de 80 combats et Chatri spécialiste en MMA !

L’entrainement débute à l’aurore, dans le silence tranquille de la campagne.

Ici, on est loin de la faune nocturne de Pattaya.

Après les dix kilomètres de footing traditionnel, les boxeurs attaquent l’entrainement jusqu’à environ 9 H.

Pour les enfants, c’est à 8 H qu’ils stoppent l’entrainement et troquent leur tenu de combat contre celle d’écolier.

Ils ne reviendront qu’à 16 H avec toujours autant de motivation.

Les enfants occupent une place importante dans le camp, ils sont près d’une trentaine à s’entrainer quotidiennement.

Ils forment une véritable fourmilière de petit nakmuay qui anime le camp.

En plus de s’entrainer et progresser, les enfants à chaque tour de rôle s’occupent de l’entretien du camp en nettoyant la salle ou en ravitaillant les boxeurs en eau.

Aucun d’eux ne se plaint, pour la plupart, c’est un honneur d’être au sein du camp du respectueux Kru Yod Tong…

Vers 15 H, l’entrainement reprend, sous une chaleur accablante, les boxeurs arrivent petit à petit.

Certains viennent tranquillement à pied de leurs chambres situées dans le camp, d’autres arrivent en moto, surtout les « farangs » (étranger).

Beaucoup de boxeurs étrangers viennent s’entrainer au Sityodtong. Les boxeuses sont aussi les bienvenues.

Presque toutes les nationalités défilent dans le camp.

Une formule spéciale est d’ailleurs offerte pour les boxeurs de passages.

Ils doivent acheter un coupon à la charmante caissière du camp.

Et pour la modique somme de 250 bahts, ils peuvent s’entrainer librement dans tout le camp.

Pour les étrangers qui résident plus longtemps dans le camp c’est différent, ils ont un suivi permanent avec un entraineur.

Mais pour avoir un meilleur apprentissage, il faut gagner le respect des entraineurs.

Au Sityodtong, il y a la «boxe des touristes» et la «boxe des guerriers».

Les entraineurs vous donneront plus s’ils sentent que vous voulez vous surpasser.

Pour cela, il faut prouver que votre combattivité est à la même hauteur que les boxeurs thais…

Comme dans chaque école en Thaïlande, le Sityodtong a sa marque de fabrique. C’est un camp fimeuu (technicien) avec comme technique, en particulier, le front kick et le High Kick.

Mais on enseigne aussi quelques «secrets spéciaux» aux plus chevronnés.

Comme certaines spécialités du King des rings Samart Payakaroon, «le tatmala» (coup de coude remonté) appelé aussi «coup de coude à la Samart», tellement la star maitrisait à merveille cette technique.

Ou encore le spécial High Kick jambe gauche en sortie de corps à corps dont Samart avait le secret pour surprendre et mettre KO ses adversaires !

L’entrainement de l’après-midi est très dur à cause de la chaleur infernale qui règne sur le camp.

Après les séances interminables aux paos, les séances aux sacs de frappes font tomber encore plus de litres de sueurs.

Au quotidien, c’est plus d’une cinquantaine de boxeurs qui se défoulent aux quatre coins du camp.

Les cris de hargnes et de souffrances, le son aigu des tibias qui claquent sur le cuir des paos, tout ces boxeurs qui bougent ensemble, cela créé une ambiance incroyable !

Toutes les trois minutes, un coup de sifflet indique la fin du round.

Mais avant de stopper, les boxeurs doivent puiser au fin fond d’eux même pour trouver l’énergie afin d’accélérer dans les 30 dernières secondes.

Les entraineurs les motivent en criant tous en chœur, «Réouu, réouu, réouu» (plus vite, plus vite, plus vite).

Parfois, sur le ring, des séances de sparring entre jeune nakmuay se transforment en véritable petits combats.

Alors, entraineurs et pratiquants deviennent un instant des spectateurs endiablés sous l’œil amusé du maitre des lieux, Master Yod Tong.

Pour terminer l’entrainement, la redoutable séance de corps à corps n’échappe pas à la règle.

Durant une trentaine de minutes, novices et champions vident leurs dernières cartouches avant un repos bien mérité.

Pour la récupération, les combattants peuvent, s’ils le souhaitent, passer entre les mains expertes du masseur professionnel du camp.

Après avoir martyrisé son corps, rien de tel pour un boxeur qu’une bonne séance de massage.

Dans ce camp, malgré sa popularité touristique, il y règne encore une ambiance à l’ancienne, un peu comme les traditionnels camps d’autrefois.

Le Sityodtong c’est LE camp à faire au moins une fois dans sa vie de nakmuay !

LA TEAM SITYODTONG !