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Yoann Broet La vision d’un jeune nakmuay au pays du Siam

Temps de lecture : 6 minutes

Interview de Yoann BROET

by Nicholas READ (2019)

LA VISION D’UN JEUNE NAKMUAY AU PAYS DU SIAM


 

 

Bonjour  Yoann, Merci de m’accorder cette interview pour SIAM FIGHT MAG ?

Le plaisir est pour moi. Merci à toi pour ton intérêt.

Pour commencer cette interview, est ce que tu vis actuellement en Thaïlande ?

Cela fait trois mois que j’ai repris l’entraînement ici. Je n’y étais pas retourné depuis septembre dernier.

Dans quel coin ?

Je suis à Nakhon Ratchassima (Korat), la capitale de la région Issan qui est situé à 4 H au Nord-Est de Bangkok.

Tu as grandi dans le sud de la France ?

Oui, je suis originaire de la Haute Garonne.

Dans quelle ville ?

Je suis de Castelnau d’Estretefonds, un village situé à 25 Km au nord de Toulouse.

Comment tu as découvert cet Art martial Thaïlandais, le Muay Thai ?

A l’âge de 13 ans, mon cousin m’a fait découvrir en vidéo les combats de Buakaw et Ramon Dekkers. C’est à ce moment là que ma curiosité pour ce sport a commencé.

Tu avais quel âge lorsque tu as débuté ce sport ?

La saison suivante, j’ai décidé de trouver un club près de chez moi.

Est ce qu’il y avait des clubs de Muay Thai dans ta région ?

Oui, il y en avait sur Toulouse et ses environs.


C’était dans quel club et avec quel entraîneur que tu as commencé ? C’était en pur Muay Thai ?

J’ai commencé à l’association de kick de mon village qui donnait essentiellement des cours « loisir ». Étant le seul adhérent à vouloir faire de la compétition, un entraîneur de Auch, David Gazquez, qui avait été muté près de chez moi, s’est occupé de moi personnellement. Par la suite, j’ai fait mes premières compétitions en représentant le club Ausci-Thai de Max Dansan, tout en m’entraînant dans mon village.

Tu te souviens de ton premier entraînement ?

Je n’ai pas de souvenir du premier entraînement, mais mon  premier mois de pratique m’a conforté dans l’idée de vouloir en apprendre plus sur cet art martial.

Qu’est ce qui t’a plus dans le Muay ?

Le fait de pouvoir se servir des coups de coude et du corps à corps, ce qui faisait la différence avec les autres sports pieds poings, le nombre de combinaisons possible en attaque et l’efficacité des techniques de défense.

Dans ton premier club, est ce qu’il y avait des champions ?

Dans mon club, j’étais le seul compétiteur. Seulement lorsque j’allais m’entraîner à Auch, j’avais la possibilité de tourner avec Max Dansan, qui était champion d’Europe, durant cette période.


Tu le connaissais ?

Je ne l’avais jamais vu combattre avant de me rendre dans son club.

Tu mettais les gants avec lui ?

Oui avec Max, à de rares occasions.

Qu’est ce qui t’a donné l’envie de monter sur un ring et de vouloir faire de la compétition ?

Je m’étais rendu à plusieurs événements et l’idée de combattre me trottait de plus en plus dans la tête. Lorsque la première proposition de monter sur le ring m’a été faite, j’ai accepté sur le champs.

Combien as-tu de combats à ton actif ? (En France et en Thaïlande, toutes disciplines confondus)

J’ai fait une vingtaine d’assauts en France avant de m’envoler pour la Thaïlande où j’y ai fait mon premier combat sans protection. A ce jour, j’ai effectué 12 combats en Thaïlande, dont un en Kard Chuak (Sans les gants) et deux autres en Chine dans les règles du K1.


Dans quelle catégorie tu combats ?

Je combat entre 56 Kg et 58 Kg.

En quelle année tu as été la première fois au pays du Siam ?

J’ai fait mon premier voyage en juin 2015.

Tu as fait des entraînements dans plusieurs camps ? Quels camps ?

J’ai commencé par m’entraîner un mois à Pattaya, au camp de Youssef Boughanem. Puis, je suis remonté sur Bangkok pour m’entraîner chez Charlton Henri, que j’ai suivi lorsqu’il a déménagé à Korat.



Peux tu nous dire ce qui t’a motivé à faire une carrière en Thaïlande ?

J’ai boxé plusieurs fois en stadium et dans de grosses organisations en Chine. Mais ce que je préfère, ce sont l’atmosphère, l’ambiance et la manière de faire dans les villages, comme partout en Issan. Une authenticité, et un engouement pour le Muay, que je n’ai retrouvé nul part ailleurs…

Pourquoi tu n’es pas resté en France pour pratiquer le Muay Thai ?

Mon mode de vie en France, ne me permettait pas de pouvoir m’immerger à 100% dans mon objectif de progression.

Maintenant, tu t’entraînes dans le camp Look Yamo, comment tu as connu ce camp ?

Je me suis rendu au Look Yamo sur le conseil de Mohammed Larabi qui y voyait un camp répondant à mes attentes.

Il se situe où exactement en Thaïlande ?

Le camp est à 1 Km du centre de la ville de Nakhon Ratchassima.

En quelques mots, tu peux nous dire, pour un jeune qui voudrait venir s’entraîner en Thaïlande, qu’est ce qu’il pourra trouver en venant dans le camp de Charlton Henri au niveau Muay Thai par rapport à un autre camp ?

Tout dépendra de son niveau d’engagement. S’il est motivé et travaille dur, Charlton sera à deux cents pour cent sur lui à l’entraînement et en dehors. La différence ici, c’est que chacun à un suivi personnalisé, ce qui permet de progresser plus vite et selon ses attentes. Les entraînements sont très physiques et on apprend beaucoup de techniques. On nous enseigne les tactiques et les stratégies à mettre en place suivant le type d’adversaire. Le fait que l’on nous emmène ou que Charlton nous amène des boxeurs Thaïs d’autres camps pour tourner, permet de jauger notre niveau sans copinage…

Tu peux nous décrire une journée type d’entraînement ?

Nous nous entraînons du lundi au samedi. Les deux séances quotidienne durent entre 3h et 4h chacune. Bien que l’entraînement est accès essentiellement sur la boxe, les ateliers proposés varient jours après jours afin de ne pas rentrer dans une routine et de garder une motivation à vouloir en faire plus. Pour résumer, le travail du matin est technique, celui de l’après midi est plus physique, jonglant un jour sur l’autre sur du travail de vitesse et d’endurance. En dehors du travail collectif, chacun dispose d’un programme individuel journalier mis en place par Charlton, suivant les besoins des boxeurs.

Tu combats souvent dans des organisations Thaïlandaises en province où il n’y a pas de Farang (Étranger) ?

En Issan (Région Nord-Est), des combats sont organisés tous les soirs, ce qui permet aux boxeurs de pouvoir monter sur le ring quand ils le désirent. J’ai donc la chance de pouvoir combattre souvent. Mais il ne m’est encore jamais arrivé de partager l’affiche avec un étranger.

Tu as combattu en Kard Chuek (Combat sans les gants), est ce que tu as senti une différence au niveau des impacts au visage en boxant sans les gants ?

Je n’ai combattu qu’une seule fois en Kard Chuek, sans avoir pris de coup au visage. Mais j’ai ouvert mon adversaire sur un coup de poing, ce qui ne m’était pas encore arrivé avec des gants. Lors d’une défense avec mon coude sur l’un de ses directs, mon adversaire s’est cassé la main. L’impact des coups de poings en Kard Chuek est sûrement plus dur. Mais il peut aussi être dangereux pour les membres de l’attaquant s’il frappe avec la mauvaise partie du poing. Néanmoins, le fait que le combat se termine par un match nul au bout des 5 rounds, s’il n’y a pas de KO, permet de ne pas avoir à débiter pour marquer ses points, et donc de pouvoir rester concentré sur le coup juste, ce qui restreint tout de même le risque de blessure…

Parlons un peu de ton entraîneur Charlton, qu’est ce qu’il t’a enseigné en Muay ? Peux tu nous le décrire en quelques mots ?

L’exigence qu’il a envers ses compétiteurs et malgré sa pédagogie, est à double tranchant. Soit le travail demandé est trop élevé pour certains, soit ils transcendent les autres. Il nous met directement hors de notre zone de confort, ce qui est dur pour chacun au départ. Mais c’est ce qui fait la différence très vite par la suite. En dehors du côté mental et du dépassement physique, il est très technique. Il m’a repris de zéro, et appris des techniques et un sens tactique que je n’avais jamais vu nulle part. En dehors de la salle, il est très proche de ses boxeurs. Il ne fait pas de différence entre les champions et les débutants, pour lui seul l’engagement compte. Ici, quelques soit son niveau, il faut faire sa place !

Quelle technique tu aimes le plus travailler à l’entraînement ?

J’aime les balayages, les projections, avec ou sans saisies.

Quelle technique tu aimes le plus passer sur le ring ?

J’aime feinter le coup de genou, afin de faire monter la jambe de mon adversaire, et casser la distance pour balayer directement sa jambe d’appuie.

Ton meilleur souvenir de boxe jusqu’à aujourd’hui sur le ring ? Niveau ambiance avec le publique ? Et niveau organisation ?

Mon meilleur souvenir reste un combat à Nava Nakorn, une ville aux alentours de Bangkok. Le combat était à l’extérieur, l’ambiance au bord du ring était phénoménale. J’ai remporté le combat face à un bon combattant et j’avais pour la première fois boxé de la manière que je voulais. A la sortie du ring, j’ai mis 30 minutes pour regagner les vestiaires tant les Thaïlandais me stoppaient pour me féliciter et prendre des photos !

As tu déjà boxé en professionnel en France ?

Non, je n’en ai jamais eu l’occasion.

Tu suis l’actualité du Muay Thai en France ?

Oui via les réseaux sociaux.

Aimerais tu combattre contre des nakmuay Français en France ?

Si l’occasion se présente, je serais fier de pouvoir boxer dans ma région.

Tu connais des grands champions d’aujourd’hui ou de l’époque,  quels sont ceux que tu apprécies ?

Pour les boxeurs actuels, j’aime regarder les combats de Superbank, Sangmanee, Superlek, Yodlekphet, ou encore Muangthai.

Est ce que certains t’ont inspiré ?

Concernant les boxeurs de l’époque, je m’inspire beaucoup de Karuhat Sor Supawan et Kaensak Sor Ploenjit.

Ta première expérience de combat en Thaïlande s’est bien passée ?

Oui, c’était une victoire aux points au Max Muaythai, contre un Thaïlandais. Le Thaï m’avait ouvert à la pommette au deuxième round avec son coude et j’avais rattrapé mon retard grâce à de nombreuses projections.

Combien tu as fait de combats en Thaïlande ?

12 en tout.

Quelle sensation tu as ressenti lorsque tu as su que tu allais boxer en Thaïlande contre un boxeur Thaï pour la première fois ?

J’ai su la date de mon combat 3 jours avant, j’étais plutôt motivé qu’anxieux.

Est ce qu’il y a des nakmuay que tu aimerais rencontrer en particulier (Thaï ou Français) ?

J’ai encore beaucoup à apprendre. Je me fixe mes objectifs combat après combat…

Comment se fait-il que les organisateurs Français ne te contactent pas pour te faire boxer ?

Parce que je suis inconnu au bataillon !

Tu as déjà combattu aussi en style K1, tu aimes cette forme de combat ?

Je peux adapter mon style au K1 mais le Muay reste ma discipline de prédilection.

Tu combats uniquement en Muay Thai ?

Il m’arrive aussi de combattre en style K1, et si d’autres propositions intéressantes me sont faites, je combattrai de nouveau avec plaisir.

Si des promoteurs lisent cette interview, qu’elle message tu veux leur faire passer ?

Que le jour où je serai connu au bataillon, mon téléphone sera allumé pour répondre à leurs appels.

Tu veux rajouter quelque chose pour nos lecteurs ?

Je suis à la recherche de Mécènes pouvant m’aider à financer mon projet sportif en Thaïlande. Je serais ravis d’échanger avec les personnes intéressées. Pour finir, j’aimerais aussi remercier Siam Fight Mag pour cette interview et ses beaux reportages que vous nous offrez depuis plusieurs années maintenant. Longue vie à vous, longue vie au Muay !