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DANIEL ALLOUCHE

Temps de lecture : 6 minutes

Interview de DANIEL ALLOUCHE « THE VOICE »

par Serge TREFEU (2009)

Serge TREFEU : Bonjour Daniel, je te remercie d’avoir accepté cette interview. Avant de te poser des questions sur ta longue carrière de Speaker, j’aimerais commencer par ta carrière de combattant. Tu peux nous parler de tes débuts dans la boxe, à quel âge tu as commencé et dans quel club ?

DANIEL ALLOUCHE : Alors, la boxe c’est paradoxal car j’ai commencé tard. J’ai commencé à 28 ans. J’ai d’abord commencé par jouer au foot car c’était ma passion. Puis, j’ai fait un peu de karaté, de taekwondo, et de la boxe Française. Mais ces sports ne m’ont pas accroché. Un jour, un ami à moi, Roger Paschy, qui avait son club de boxe Thaï, le fameux « Yamatsuki » juste à côté de mon bureau, ma demandé de venir à son club pour voir un peu ce sport.

J’ai été voir et j’ai mis trois mois avant de me décider à aller m’entraîner, parce que je me suis dis « c’est un sport de fou ». Et un jour, j’y suis retourné et depuis ce jour là, je n’ai plus quitté la boxe Thaï, c’est devenu une passion !

LA FAMEUSE TEAM DU YAMATSUKI GYM

C’était en quelle année ?

En 1973, c’était vraiment les débuts de la boxe Thaï en France !

Vous étiez les pionniers du Muay Thai à cette époque ?

Oui, parce nous allions boxer surtout à l’étranger, beaucoup en Hollande et aussi en Belgique. En France, nous faisions moins de combat car il n’y avait que quelques clubs comme le Brizon Gym et le Belloni Gym. Quand nous combattions en Hollande c’était assez dur car les hollandais avaient beaucoup d’avance sur nous…

DANIEL ALLOUCHE, KOUIDER ABDELMOUMENI (CHAMPION D’EUROPE), ROGER PASCHY (FONDATEUR DU YAMATSUKI GYM)

ROGER PASCHY ET DANIEL ALLOUCHE SONT LES PIONNIERS DE LA BOXE THAI EN FRANCE

C’était des combats à l’arrache ?

Oui, car à l’époque, avant de boxer, il y avait une hiérarchie, les classes C, les classes B et les classes A. Mais avant de te taper un classe C tu faisais des inters-clubs. Et les inters-clubs, c’était vraiment des gros combats. Il n’y avait pas de protections comme maintenant. Aussi, on ne combattait pas encore avec les coups de coude

Combien tu as fait de combat ?

J’ai fait 26 combats pour 22 victoires

DANIEL ALLOUCHE ÉTAIT UN REDOUTABLE COMBATTANT SURTOUT AVEC SES LOW KICKS

LE DERNIER COMBAT DE DANIEL ALLOUCHE, RÉCOMPENSE REMISE PAR LE CHAMPION DIDA DIAFAT ET LE PROMOTEUR SAMI KEBCHI

Est ce que tu as remporté des titres ?

J’ai été Champion de France et Champion d’Europe par équipe avec ma Team du Yamatsuki

Ton meilleur souvenir de boxeur ?

J’ai beaucoup de souvenirs. Car ce n’est que de la passion, que du plaisir. Alors, après comme toutes les bonnes choses, il y a des mauvaises choses. Mais je les oublies, je garde que les bons souvenirs. Parfois, même une défaite c’est un bon souvenir aussi…

Tu es l’un des premiers français à être allé s’entraîner en Thaïlande, c’était en quelle année ?

C’était en 1979, dans le camp du Capitaine Larris à Bangkok. Je me suis entraîné dans son camp. Mais j’avais d’abord été en Thaïlande pour passer des accords avec lui. Parce que Roger Paschy voulait faire venir des boxeurs Thaïlandais en France. Après ma rencontre avec le Capitaine Larris, j’ai fait venir tous les grands champions Thaïs de l’époque, Somsong, Krongsak, Attapong etc..

CAMP DU CAPITAINE LARRIS A BANGKOK

Est ce que tu as combattu en Thaïlande ?

Non, je n’ai pas combattu, je me suis juste entraîné. Parce que honnêtement, à l’époque, nous n’avions pas le niveau des combattants Thaïs. Nous étions très physique et courageux. Mais ce que nous pratiquions ce n’était pas encore de la vraie boxe Thaï. Aujourd’hui, les jeunes c’est vraiment de la boxe Thaï qu’ils pratiquent. Nous, c’était les débuts, ont a « essuyé les plâtres ». Mais c’était une belle aventure !

Aujourd’hui, en France, tu es le Speaker le plus connu dans le monde de la boxe, comment s’est passé la transition du boxeur qui monte sur le ring avec ses gants au speaker qui monte sur le ring avec le micro ?

En fait, cela été un accident. Je ne pensais pas du tout faire ça. Lorsque j’ai arrêté de boxer, je suis devenu président du club Yamatsuki de Roger Paschy parce qu’il me l’avait demandé. Ensuite, j’ai été professeur chez lui pendant 10 ans. Parce que cela me plaisait, cela m’amusait.

En plus, j’étais coach avec mon ami Roger. Je manageais les gars comme Kouider, Desjardins, Tyrolien, Bahfir. Roger Paschy organisait des galas une fois par mois à « la Mutualité » (Salle de spectacle à Paris). Un jour, le speaker n’est pas venu. Là, Roger m’a dit « on n’est dans la merde, prend le micro ». Sur le coup, je n’ai pas voulu le faire. Mais après, pour lui rendre service, je l’ai fait. Je suis monté sur le ring en jogging, sans préparation, sans rien. Ma prestation a plu, du coup Roger et sa femme Paulette Paschy m’ont demandé de continuer à faire le speaker.

Au début, je ne voulais pas trop, je ne me voyais pas faire ça. Puis, après j’ai réfléchi, et j’ai accepté. Car je trouvais que la plupart des speakers, sans dire du mal des speakers, parce que ce n’est pas bien, ils faisaient leurs métiers mais ils n’avaient pas la passion de la boxe. Après, j’ai voulu le faire aussi pour mettre en avant la boxe Thaï. Je trouvais que c’était un bon moyen de promouvoir la boxe Thaï, expliquer les règles, les coups, d’où venait la boxe Thaï. Mais surtout, mettre en valeur les boxeurs car ils le méritent vraiment. Mon style a plu et je me suis fais un défis de rester dans les meilleurs !

DANIEL ALLOUCHE A COACHÉ TOUS LES CHAMPIONS DU YAMATSUKI, ICI, AVEC LE GRAND CHAMPION CHRISTIAN BAHFIR

DANIEL ALLOUCHE AVEC LA CHAMPIONNE CATHY PASCHY, LA FILLE DE MASTER ROGER PASCHY

DANIEL ALLOUCHE EST DEVENU LE SPEAKER DE BOXE LE PLUS CONNU EN FRANCE

Quels ont été les premiers grands galas en boxe Thaï que tu as présenté ?

J’en ai fait pas mal avec Roger Paschy à la Halle Carpentier, il y avait des gros galas. Mais disons que le premier gros gala qui a marqué une histoire dans le tournant, c’est le gala avec Sami Kebchi (Promoteur) organisé à l’Aquaboulevard (Salle parisienne). C’était un Championnat du Monde en direct sur Canal Plus. J’ai démarré cette belle aventure avec lui, il y a 20 ans. Et Sami Kebchi est devenu le promoteur qu’on sait.

Cela m’a permis après d’aller aussi en boxe anglaise avec Louis et Michel Acariès (Promoteurs boxe anglaise). Avec eux, j’ai eu aussi des grands moments. Et puis, avec la télé en direct, tu apprends beaucoup de choses. Car cela n’a rien à voir de présenter un gala sans télé et avec la télé en direct, ce n’est pas du tout le même travail

DANIEL ALLOUCHE ET SAMI KEBCHI QUI A ÉTÉ LE PLUS GRAND PROMOTEUR EN FRANCE DE BOXE PIEDS ET POINGS

Quand tu présentais les galas en boxe anglaise c’était pareil pour toi que de présenter ceux en boxe thaï ?

Pour moi, c’était un beau challenge que me proposaient Louis et Michel Acariès. Cela me permettait d’améliorer mon travail, de l’affiner. Même si la boxe Thaï reste ma passion, j’aime bien aussi la boxe anglaise. Ce qui est important pour moi, c’est surtout le côté humain, le rapport avec les boxeurs…

DANIEL ALLOUCHE ET LOUIS ACARIÈS SONT AMIS DEPUIS PLUS DE 30 ANS

DANIEL ALLOUCHE AVEC LE PLUS GRAND PROMOTEUR DU MONDE DE BOXE ANGLAISE, DON KING

Y a-t-il des boxeurs qui t’ont marqué ?

Bien sûr, il y en a qui m’ont marqué en tant que boxeur, d’autres en tant qu’homme. Mais il y en a tellement, je ne pourrais pas dire exactement. Il y en a que j’ai connu tout jeune, j’ai vu l’évolution de leur carrière comme Kamel Jemel et Dida Diafat. J’ai eux d’autres émotions avec des gars comme Ramon Dekkers, Rob Kaman, Krongsak. J’ai eu la chance aussi en boxe anglaise de présenter des boxeurs qui n’étaient pas encore champion. Mais qui après ont signé avec Don King (Promoteur N° 1 Américain). A chaque fois, c’est une histoire, une aventure humaine. J’ai eu de grand moment aussi avec le public car sans un beau public tu ne peux pas faire une belle soirée !

Tu as eu la grande fierté, je suppose, de présenter ton propre fils lors de réunion pieds-poings. Peux-tu nous parler de lui ?

C’est une grande fierté parce qu’il a réalisé ce que je n’ai pas pu réaliser en boxe Thaï car je suis arrivé trop tard dans ce sport. Il a été quand même plusieurs fois champion de France, champion d’Europe et Vice champion du monde en boxe Thaï. Il aurait dû être champion du monde en boxe Thaï, je ne dis pas ça parce que c’est mon fils, mais j’ai vu son combat au Japon contre la star locale et il s’est fait voler. Mais il est devenu champion du Monde de Kick Boxing. Il a eu une carrière beaucoup plus belle que la mienne, j’en suis très fier.

Fabrice était généreux sur le ring, un guerrier qui allait au charbon. Un peu trop à mon gré, car comme je lui expliquais, cela plaisait au publique. Mais il faut faire attention, il faut vivre après la boxe, il faut essayer de rester intact. Après, voir combattre son fils c’est une autre histoire. Et le présenter et le voir combattre c’est encore pire !

FABRICE ALLOUCHE A ÉTÉ L’UN DES MEILLEURS FRANÇAIS DANS SA CATÉGORIE, IL A ÉTÉ 3 FOIS CHAMPION DU MONDE DE KICK BOXING ET 4 FOIS CHAMPION D’EUROPE DE BOXE THAI

En 2000, lors de la cérémonie des gants d’Or en boxe anglaise, pour couronner ta carrière de speaker tu as reçu un trophée, tu es fier de cette récompense ?

Franchement, je crois que c’est peut être la plus belle récompense que j’ai reçu. J’en ai eu plein des récompenses comme « meilleur speaker de l’année ». Mais celle là, j’en suis très fier. J’ai reçu le « Gant d’éclat ». A part les boxeurs, très peu de personne qui sont hors boxe le reçoivent. En plus, ce jour là, il y a eux deux trophées «Gant d’éclat», un pour M. Belmondo et un autre pour moi. Le fait d’avoir reçu ce trophée en commun avec Jean-Paul Belmondo, que j’admire beaucoup en tant qu’homme, acteur, boxeur, gardien de foot, pour ce qu’il a été et qu’il est toujours, c’était vraiment une grande fierté pour moi.

Et puis quand même, recevoir ce trophée de la corporation, cela m’a énormément touché, je crois que je ne pouvais plus parler, j’avais un peu les larmes aux yeux. Un très grand souvenir pour moi !

LA STAR DU CINÉMA JEAN-PAUL BELMONDO EST UN GRAND FAN DE BOXE

Aujourd’hui, qu’est ce qui anime encore Daniel Allouche ?

La passion, toujours la passion pour la boxe Thaï, elle restera éternelle, je crois. Mais aussi pour la boxe en générale.

Et la passion que j’ai pour les boxeurs, il faut pouvoir monter sur un ring, ce sont des hommes que je respecterais toujours. Mais aussi j’aime ce que je fais, faire le speaker j’aime ça. C’est agréable, j’ai d’énormes sensations, parfois, il m’arrive d’avoir la chair de poule, des frissons, en présentant sur le ring. Quand je vois la foule réagir, le boxeur arriver, c’est beau.

Ma passion est toujours intacte. Je pense que j’arrêterais le jour où je n’aurais plus cette passion. Aussi, j’arrêterais si un jour je pense que je ne serais plus présentable sur un ring, et cela je n’y tiens pas. Mais tant que je pourrais, je le ferais, il n’y a pas de problème, au contraire

Je te remercie pour cette interview, et que ta voix résonne encore longtemps dans les galas de toute la France !

Merci c’est gentil et je tenais à te le dire, bravo pour votre site SIAMFIGHTMAG parce qu’il est super bien fait et je souhaite longue vie à votre site !

Merci beaucoup cela fait plaisir ce compliment venant d’un grand Monsieur de la boxe comme toi !

(Photos Pascal Le Cossec et Serge Tréfeu)

SERGE TREFEU ET DANIEL ALLOUCHE

Surnommé « The Voice » (La voix), Daniel Allouche a été le speaker attitré de Canal + pendant plus de 20 ans. Daniel Allouche est une véritable référence dans le monde de la boxe. Ce spécialiste incontournable maîtrise les différents styles de boxe que sont la boxe anglaise et les boxes pieds-poings.

Daniel Allouche a présenté plus de 2 000 galas de boxe, près de 600 championnats du monde et 500 championnats d’Europe, un véritable record !

DANIEL ALLOUCHE A PRÉSENTÉ LES PLUS GRANDS CHAMPIONS, CHAMPIONNAT DU MONDE DE FARID VILLAUME

LA STAR DES POIDS-LOURDS JÉRÔME LE BANNER

The Voice a le don de créer une atmosphère électrique dans les soirées de boxe, une soirée moyenne il va réussir à l’embellir. Pour un grand gala, Daniel va le transformer en superbe show. Il fait toujours participer les spectateurs, il transmet son enthousiasme au public qui le lui rend bien.

Les jeunes boxeurs comme les anciens sont fiers d’être présentés par « The Voice » qui a présenté les plus grands noms de l’histoire de la boxe en France. On ne compte plus les salles combles qu’il a fait lever pour accueillir un champion, champion qui garde souvent un souvenir mémorable de son entrée sur le ring grâce à M. Allouche. Tous les champions l’adorent, parce qu’il les valorise, les respecte énormément, les met en lumière pour qu’ils se donnent à fond sur le ring.

Le présentateur c’est un peu la cerise sur le gâteau d’un gala de boxe, avoir un speaker renommé c’est la garantie d’une belle soirée animée. Daniel est sollicité partout pour présenter et animer les galas de boxe, aussi bien en boxe anglaise que dans les grandes soirées de boxe pieds et poings. The Voice est parfois même obligé de refuser beaucoup de galas pour garder sa motivation intacte. Car c’est un vrai passionné, un perfectionniste, et lorsqu’il monte sur le ring pour présenter, il est comme un boxeur, il a « la rage », le désir de bien faire, de faire plaisir aux publics et aux boxeurs qu’il va annoncer !