SIAM FIGHT MAG

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DAVID HERGAULT

Temps de lecture : 8 minutes

Interview de DAVID HERGAULT par Serge TREFEU (Merci à Alex Romain pour le contact) (2009)

Serge TREFEU : Bonjour David peux tu te présenter aux lecteurs qui ne te connaisse pas ?
DAVID HERGAULT : Bonjour à tous, je suis un ancien boxeur des années 90, aujourd’hui prof de Muay Thai à Hong Kong…
Tu as débuté la boxe vers quel âge ?
J’ai commencé la boxe à 16 ans
Tu as commencé directement par la boxe thai ?
Non, par le Full Contact
Dans quel club tu as débuté ?
J’ai commencé dans un club à Mongallet (12ème Arr. de Paris), mon entraineur s’appelait Eric, Eric ma donné goût à la boxe en générale
Qu’est ce qui t’a attiré dans la pratique du Muay Thai ?
Ce qui ma attiré c’est toute la panoplie que l’on avait et aussi la beauté du sport
Quels étaient les champions de l’époque, est qu’il y en a qui t’on inspiré pour la suite de ta carrière ?
Joss, Dany Bill, Nikiéma, Sari, Dida, Jo Prestia, Kaman, l’incontournable Ramon Dekkers, les thais comme Samsong, Kobal etc.. c’était l’une des meilleures époques de la boxe thai (des guerriers)
Tes premiers combats en France tu t’en souviens ?
Oui c’était en Full Contact, des interclubs, et aussi des combats au centre de Full Contact FKC de Daniel Renesson, puis à l’AEP13, mon club ou j’ai commencé la boxe thai
Dans quelle catégorie tu boxais ?
Je boxais en France en moins de 61.5 Kg
Est ce que tu as combattu dans d’autres disciplines que le Muay Thai ?
J’ai boxé en Full Contact et en Kick Boxing, mais c’est vraiment le Muay Thai qui me convenait le mieux…
Tu es parti très jeune en Thaïlande, qu’est ce qui t’a poussé à aller t’installer là-bas ?
Je suis arrivé en Thaïlande à l’âge de 19 ans, à vrai dire ma mère n’était pas trop d’accord (fils unique, dur pour ma mère de me laisser partir) surtout que je devais aller dans une école de commerce ou j’avais passé les concours avec succès. Ce qui ma poussé, tout simplement la Thaïlande et la nation même de ce sport!

Raconte-nous tes premières sensations au Royaume du Siam, ton premier camp de boxe ?
Mes premières sensations, ha! ha! ha!, je suis arrivé dans un camp qui était sale, des trous dans les sacs, au milieu du ring des bars de fer (c’est simple je voulais repartir). J’avais une tout autre image des camps en Thaïlande…
Est-ce que tu es resté dans le même camp ou as-tu essayé plusieurs camps ?
Oui je suis resté dans le même camp durant plusieurs années, puis je suis parti au Sit Or pendant quelques mois. Je m’entrainais avec Trapaya Sit Or qui était à l’époque champion de la TV7 en 63.5 Kg. J’ai fais quelques combats pour le camp du Sit Or mais toujours sous les couleurs et le nom de David Singpatong. Puis j’ai essayé le Fairtex à Bangkok ou il voulait me garder. Mais à la fin je suis retourné à mon camp d’origine qui était le Singpatong (ma famille)
Tu t’entrainais avec des champions ?
Oui avec Trappaya Sit Or, Rambaa, Yok Thai Sit Or et aussi Pun Louang Singpatong qui était champion du sud et très connu à la TV7
Tu as commencé à boxer dans quel stadium en Thaïlande ?
Mon premier combat a eu lieu au stadium de Phuket, le Sapanhin à Phuket Town (Ah quelle ambiance, c’est ça qui vous fait aimer la boxe)
Combien as-tu fais de combat ?
J’ai fais 65 combats avec 49 victoires, 1 nul et 15 défaites

As-tu gagné beaucoup de combat par KO ?
J’ai 40 victoires par KO!
40 KO c’est énorme tu devais être un combattant très physique, quel style de combattant tu étais ?
Oui j’étais un combattant qui avance du 1er aux 5èmes rounds. Même quand je gagnais aux points et que mes entraineurs me disaient d’arrêter, de gérer, je continuais à avancer (Il m’appelait  »qwai » le buffle)
Quels étaient tes points forts et tes points faibles ?
Mes points fort, en premier lieu je dirais mon cœur au combat, jamais peur, je ne recule pas, mes genoux, le clinch et ma droite. Points faible, peut être le manque de grande technique si l’on me compare à certains boxeurs thaïs que j’ai combattu. Je suis persuadé quand sparring avec certains de mes combattants, je n’aurais jamais vu le jour, maintenant sur le ring c’est une autre histoire…

As-tu remporté des titres ?
J’ai remporté le titre de Champion du Sud de la Thaïlande. En France j’ai été Champion d’Ile de France et de France
Combien de fois tu as boxé au Lumpinee ?
J’ai boxé 15 fois au stadium du Lumpinee
As-tu boxé au stadium du Radja aussi ?
Hélas non jamais
Tu es aussi l’un des premiers étrangers à combattre au stadium TV7 de Bangkok, comment as-tu eu cette opportunité de combattre dans ce stadium très difficile d’accès aux combattants étrangers ?
Tout simplement après avoir battu le champion du sud à Phuket puis le champion du nord à Bangkok au Lumpinee. Et après un certain nombre de victoires d’affilées au Lumpinee, le promoteur Chun Kiatpetch ma donné ma chance. Je dois dire que le stadium de la TV7 est pour moi le meilleur stadium qui existe, l’ambiance y est tout simplement explosive!
As-tu eu l’occasion de combattre à la fête du Roi ?
hélas non, j’appartenais à un promoteur Chun Kiatpetch qui lui à l’époque s’occupait de la TV7 et du Lumpinee. La fête du roi était sous la coupole de Songchai Ratanasuban et de Sami Kebchi. Sami Kebchi voulait me faire boxer mais mon promoteur ne voulait pas me laisser ou seulement à la condition de me racheter (Vu le prix qui était demandé et bien je n’ai jamais eu cette chance)

Quels sont les adversaires thaïlandais connus que tu as affronté durant ta carrière ?
Il y en a beaucoup, je ne me souviens pas de tous les noms, Sakraopet , Pet Mang Gna, Chorchai, Chingtong (Champion TV7 à l’époque) Lou Siam, désoler mais les noms des camps j’ai pas de souvenirs. Et plein d’autres, peut importe le nom, j’ai rencontré des boxeurs thais connus et moins connu mais j’ai appris à chaque fois…
Tu as combattu souvent en Thaïlande mais as-tu combattu aussi dans d’autres pays d’Asie ?
J’ai combattu au Japon, à Hong Kong, en Corée et à Macao
Ton combat le plus dur c’était contre quel adversaire ?
Le plus dur, je ne pense pas qu’il y est vraiment de combat dur, il y a des entrainements très dur et si l’entrainement est très dur le combat en lui même est une délivrance. Un entrainement moyen là on pourra parler de combat dur, c’est la façon dont on aborde le combat. Bien sûr il y a des combats qui marques (physiquement) cela fut contre un thaï à Ko Samui. Il m’avait insulté au 5èmes rounds et je lui ai donné un coup de tête volontaire. Il a remisé avec un autre coup de tête puis j’ai pris un grand pas d’élan pour lui en donner un autre. Pendant ce round il y a eu des jets de pierres sur le ring car les parieurs avaient misé et je gagnais le combat, résultat je suis donné perdant (Manque de sang froid de ma part). J’ai combattu de nouveau contre le même thaï et je l’ai mis KO. Nous avons combattu ensemble 3 fois et à la fin on était copains. On faisait même nos bandes ensemble. C’est là ou l’on voit la différence avec la mentalité européenne. Les gens venaient me voir et me posait la question «contre qui tu combats», je leur répondais «Et bien mon adversaire est juste à côté de moi», cela les étonnaient. Et oui sur le ring pas d’amitié mais cela ne dur qu’une vingtaine de minutes maximum, après on s’apprécie pour ce que l’on est. On sait ce que l’on endure durant les entrainements, toute l’animosité n’existe plus…
L’un de tes meilleurs souvenirs de boxe ?
Sans hésiter mes victoires face au champion du sud à Phuket et au champion du nord au Lumpinee!
Et le pire ?
Le pire de mes souvenirs, c’était contre un boxeur renommé, Balat. Mon promoteur appel mon entraineur en avançant le combat d’une semaine, pour cela, il nous prévient 5 jours avant. J’ai dû donc perdre 7 Kg en 3 jours. De ne pas manger encore c’était supportable.Mais surtout, interdit de boire, rien, pendant 3 jours, c’était horrible. Les thaïs m’ont enfermé dans une voiture après m’avoir fait sauter à la corde. Un vrai sauna ambulant. La nuit, je me cognais la tète contre les murs, impossible de dormir. Le jour de la pesée, pas de soucis, j’étais au poids, même en dessous à 59.5 Kg, le combat était à 61.5 Kg. Par contre, le combat avait lieu à 12H45 donc peu de temps pour se recharger. La seule chose que j’ai eu envie, c’était de boire, de boire et encore de boire. Mais impossible d’avaler quoique se soit,. Résultat, au premier round je n’avais plus de force, plus de jus. J’ai été compté deux fois. La deuxième fois, j’ai pris 15 ou 19 coups de poings dans la mâchoire avant de tomber puis de me relever. Mais je ne pouvais plus aller au combat. Un conseil, il y a des combats qu’il ne faut pas forcement accepter même pour faire plaisir au promoteur, même si là c’était un concours de circonstance. Ensuite, on a essayé de me refaire boxer contre lui avec un «dunpam» (Somme d’argent mis en jeu par les deux camps) à 62.5 Kg mais il a refusé. Cela me laisse un goût amer. C’est sûr, j’ai été bête d’avoir pris cette décision de perdre autant de poids. Le combat en lui-même, je ne refuse pas, mais la façon que j’ai eu de l’aborder en perdant tout ce poids, en 3 jours, quelle erreur !
Tu as beaucoup combattu en Thaïlande mais très peu en France, pourquoi ?
J’aimais boxer en Thaïlande car il y a des paries d’argent et les parieurs me donnaient de gros pourboire à l’époque. En France pas trop d’ambiance en générale…
Tu as eu l’occasion quand même de participer à de grande réunion en France comme le Tournoi des 50 000 dollars en 1997 organisé par le promoteur Sami Kebchi, tu te souviens de cet évènement auquel tu as participé ?
Oui bien sûr je me souviens très bien. J’avais combattu François Pennachio (Champion du Monde de Boxe Française, Champion du Monde de Kick Boxing), à ce moment là j’étais à l’armée. Donc pas d’entrainement possible, rien du tout, et je n’étais pas sûr de faire le combat. Le jour du gala, pas de nouvelle, je me dirige vers la caserne car j’étais en permission, puis on me téléphone pour me dire David tu combats. Ok, pas de soucis, je me rends au gala, on me dit que je combats contre François Pennachio. Pas de bande dans les gants, rien, pas d’affaire. Je fais le combat et je le fais compter DEUX FOIS. Puis je perds sur une coupure de rien du tout. 3 points de sutures, la blessure était si petite, c’est honteux. En Thaïlande je me suis retrouvé avec des 15 points de sutures, et j’ai continué le combat. Le médecin vient te voir et si tu lui fais signe de la tête en disant (pas de soucis je continue, je continue) de plus si tu gagnes ou le combat est serré, tu continues quand même. Mais en Thaïlande c’est une autre mentalité. En France, le sport est très, très protégé, trop même, les règles ne sont pas les mêmes, le pointage est différent, enfin…
Gagnais-tu des bonnes bourses quand tu combattais en Thaïlande, pouvais tu vivre de ton sport comme les thaïs le font ?
Pour mon tout premier combat j’ai dus gagner 2000 bahts (40 euros) puis cela a augmenté. Au lumpinee à l’époque mon premier cachet était de 15000 bahts soit 300 euros, puis par la suite je pouvais en vivre correctement. De plus quand on vit en Thaïlande comme un thaï on à pas besoin de grand-chose. La plupart du temps on le passe soit à s’entrainer soit à se reposer, donc oui je pouvais en vivre. Mais il ne faut pas oublier qu’à l’époque la boxe thaï n’était pas aussi développée que maintenant. En Thaïlande les camps ont poussés, les stadium aussi, et c’est devenu vraiment commercial. Même si les boxeurs étrangers ne gagnent pas énormément, leurs premiers objectif est le combat, l’expérience de pouvoir et d’avoir la chance de combattre en Thaïlande même dans un petit stadium avec de petite prime…
Quels sont les champions thaïlandais que tu préfères, ancienne génération et nouvelle génération ?
Ancienne génération, il y a Sam San Issan, Cherry, Samat , Kobal, Diesel Noy, etc…la liste est longue. Je préférais la boxe d’avant, une boxe beaucoup plus dure. Aujourd’hui, une projection au 5ème round et tu perds ton combat. C’est plus une boxe technique, peut être je dis cela aussi de par mon style. Mais pas mal d’anciens thaïs le disent aussi que la boxe d’il y a quelques années était beaucoup plus dur. Pour les combattants actuels bien sûr Saenchai, Yodseanklai, Sudksakorn, Pet Ek, etc…la liste aussi est très longues…

Comment vois-tu le Muay Thai en France, toi qui est installé en Thaïlande et qui a fait pratiquement toute ta carrière là-bas ?
J’ai, hélas, l’impression que le Muay Thai ne décolle pas tant que ça pour tous ces boxeurs qui ont un très bon potentiel et qui souffrent à l’entrainement, ils ont du mérite…
Connais tu les champions français de la nouvelle génération, et qu’en penses tu ?
Oui je connais de nom et j’ai vu boxer Fabio Pinca. Un très bon boxeur techniquement et qui a du cœur, il a un bel avenir devant lui et une bonne marge de progression. Aussi Yohan Lidon un boxeur puissant et Medhi Zatout un boxeur fimeuu. Pour les autres que je n’ai pas cités, désolé. Je pense que le problème en France c’est que la boxe est mal perçue, c’est peut être du à l’ambiance qu’il y a dans les galas. Dommage que l’on n’arrive pas à faire évoluer ce sport comme en Hollande ou au Japon. En France la boxe thaï n’a pas une très bonne connotation alors que nous avons de très bon boxeurs. C’est vraiment dommage pour eux qu’on ne leurs donnent pas plus de moyen. De loin je vois les soucis des fédérations et cela me peine pour tous les boxeurs qui s’entrainent et doivent travailler à côté de ça…
Tu es installé depuis plusieurs années en Thaïlande, est ce que tu t’intéresse à leurs culture, qu’est ce que tu aimes le plus chez le peuple thai ?
C’est leur culture…
Toi qui a une belle expérience en Thaïlande, quels conseils donnerais tu à un jeune français qui veut faire carrière en Thaïlande ?
Le conseil que je peux donner c’est discipline, persévérance et surtout être très respectueux envers ses entraineurs. Et de la patience, beaucoup de patience, le travail paye toujours, même si l’on est doué il ne faut pas se reposer sur ses qualités, il y a toujours à apprendre…
Aujourd’hui tu as stoppé ta carrière, que fais-tu ?
Aujourd’hui je suis «Personal Trainer» à Hong Kong ou j’y travail depuis environ 1 an. Je me suis aussi déplacé en Russie pour des «private training» pour des hommes d’affaire. Avant d’aller à Hong Kong je tenais les paos dans mon camp, le Singpatong
Est ce que le Muay Thai est bien développé sur Hong Kong ?
Oui le muay est bien développé sur Hong Kong. Nous avons beaucoup d’anciens champions thaïs qui viennent travailler ici, voir même qui boxe encore. Il y a un «boum» de la boxe thaï à Hong Kong et aussi du MMA. Je travail aussi à Macao de temps en temps, ou l’on va aussi organiser un gala de boxe thaï et MMA le 7 novembre
Est-ce que c’est difficile de monter un club de boxe pour un étranger à Hong Kong ?
Cela serait un rêve de pouvoir monter une grosse infrastructure sur Hong Kong mais cela demande beaucoup d’argent. Je le vois là ou je travail au club Kontact, nous avons une belle salle et cela coûte de l’argent. Donc cela n’est pas difficile quand on a les fonds

As-tu des élèves qui combattent ?
Oui j’ai quelques élèves qui combattent. Mais la plupart des gens viennent dans notre salle plus pour de l’entretien physique et de pouvoir se faire plaisir en se dépensant. Cependant nous avons des combattants qui viennent parfois de loin pour se préparer ici. En ce moment même je m’occupe en boxe thaï d’Antony Rea et Jess Liaudin (The Joker). Mon ami Parfait N’Donda s’occupe d’eux en conditionning, ce sont tout les deux des combattants de l’UFC, ils se préparent pour le gala que nous organisons prochainement en MMA et en Muay Thai
Quels sont tes projets futurs ?
Mes projets futurs sont de pouvoir évoluer encore dans ce sport, d’avoir des opportunités de voyage en faisant découvrir ce que j’ai appris pendant toutes ces longues années d’entrainement et de combats en Thaïlande. J’aime le personal training, il est sûr que je voudrais ouvrir ma propre salle multi-discipline, une grosse infrastructure…
Veux-tu ajouter quelques choses ?
Je voudrais remercier tout ceux qui m’ont soutenu durant ces années, merci à Alexandre Romain qui ma accueilli la première fois ici à Phuket et ma emmené et fait découvrir le camp Singpatong…
Merci beaucoup pour cette interview et Chook Dee
Merci, je ne suis pas quelqu’un qui aime vraiment s’exposer, je reste discret mais merci cela me fait plaisir d’avoir répondu à cette interview

DAVID HERGAULT

Poids : 61KG 500 – 63 Kg 500
Taille :1m72
Nombre de combat : 65 combats. 49 victoires.1 nul.15 défaites. 40 victoires par KO!

Titre :Champion du Sud de la Thaïlande (1997). Champion de France (1995). Champion d’Ile de France (1995).
Club Thaïlande : Singpatong de Phuket

Club Hong Kong:Kontact Martial Arts Training Centre
9/F LKF Tower, 33 Wyndham Street – Central – Hong Kong

 

@ « Siamfightmag retransmet avec exactitude les propos des personnes interviewés qui n’engagent qu’eux même »