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LE CAMP SITJAPHAN

Temps de lecture : 4 minutes

LE CAMP SITJAPHAN

Special report by Serge TREFEU (2013)

 

 

 

Le camp Sitjaphan est un petit camp du sud de la région de Krabi, il se trouve dans le village de Baan Nok Khoong à 30 Km de la ville de Krabi City. Situé le long d’une route nationale, ce camp typique existe depuis 15 ans.

 

Le propriétaire du Sitjaphan, Mr Japhan, policier à Krabi City, est un ancien boxeur. Khru Japhan qui totalise une centaine de combats en Muay Thai a été il y a 20 ans champion du sud de la Thaïlande, il a combattu à Bangkok aux stadiums du Lumpinee, du Radja et de la TV7.

Mais sa plus grande fierté c’est d’être devenu Maître dans l’art du Penchak Silat, un art martial millénaire indonésien. Japhan a combattu au Vietnam, aux Philippines et bien sûr en Indonésie où il a obtenu des diplômes reconnus par les maîtres indonésiens.

Il continu a enseigné le Penchak Silat et lorsqu’il entraîne au Muay Thai ses boxeurs dans son camp, Khru Japhan tiens a porter la tenue noire traditionnelle du Penchak Silat.

 

KHRU JAPHAN

Se musulman, très pieux, possède un petit restaurant qui est juste à côté de sa maison. Le restaurant est tenu par sa femme qui y sert de la nourriture halal car la majorité des habitants du village de Baan Nok Khoong sont musulmans. Les boxeurs du camp Sitjaphan sont aussi tous de religion musulmane.

 

Khru Japhan est extrêmement fière de recevoir pour la première fois un reporter « Farang » (étranger) dans son modeste camp. Étant le premier étranger a visiter son camp, le maître des lieux veut absolument me montrer, chez lui , les nombreuses coupes remportées par ses combattants ainsi que ses diplômes attestant son haut grade de Maître en Penchak Silat !

 

Son premier champion, il y a 10 ans, fût Silapachat Chor Janmanee qui gagna la ceinture de champion du Sud et combattu pour la ceinture TV7, ceinture qu’il ne remporta pas en perdant son match aux points…

 

Ensuite se fût son propre fils, Aseet Sitjaphan, plusieurs fois champion du Sud de la Thaïlande en 122 lbs, qui représenta le camp. Aseet a raflé des titres dans tous les stadiums du sud du pays. Il combattait aussi dans les grands stadiums de Bangkok au Lumpinee, au Radja et à celui de la TV7. A 20 ans, Aseet a mis sa carrière en « stand by » car il a repris ses études. Mais les trophées du jeune Aseet sont toujours exposés fièrement à l’entrée du foyer de la famille Japhan…

 

ASEET SITJAPHAN

Aujourd’hui, le camp compte une douzaine de combattants qui sont pour la plupart des enfants du village de Baan Nok Khoong. Il y a tout de même, pour un si petit camp, quelques très bons champions tels que Petsirung, Sitisak et Monkao qui combattent tous pour le promoteur de la TV7 et du Lumpinee, Chun Kietpetch !

 

Petsirung « Le diamant arc en ciel » Sitjaphan est la seul fille du camp. Petsirung est actuellement l’une des plus fortes combattantes du sud de la Thaïlande. Elle est invaincue en 52 Kg dans les stadiums du sud du pays et a toujours sa ceinture de championne du Sud. Elle n’a subit qu’une dizaine de défaites à Bangkok, au stadium Asawindam, sur plus de 50 combats !

 

Le jeune Sitisak Chor Janmanee est lui N° 8 au stadium d’Omnoi en 102 lb, Sitisak combat aussi au stadium TV7 de Bangkok, en 2012, il a affronté Serlek Kiatjaroenchai pour la ceinture TV7 en 102 lbs, Sitisak a perdu aux points…

 

Mais dans le camp, la perle du moment, c’est le jeune de 17 ans,         Monkao « Le magicien blanc » Chor Janmanee qui a été Champion du Sud en 115 lbs. Il combat maintenant en 126 lbs et 130 lbs, il combat très souvent au stadium TV7 de Bangkok où il est actuellement classé N° 6 en 126 lbs. Monkao a battu des bons combattants tels que Starboy Siangsimeawgym, Grandprixnoi Pithakpabhadiang, Komkiat Kiatprapat et Rungtawan Wor Sontonnont, ilrencontré aussi des champions comme Rataket Tedeed 99, Kangkenlek Sor Tawanrung et Songkom Srisuriyanyothin !

 

Dans ce camp « Muay Khao » (Fort en genou) c’est Khru Japhan qui donne les cours assisté par un second entraîneur. L’entraînement du matin est moins poussé car la majorité des boxeurs va ensuite à l’école. Alors, les combattants n’effectuent en général qu’un footing de 6 Km avant d’aller suivre leur cours.

A 17 H, les choses sérieuses commencent avec de nouveau un footing de 10 Km. Puis, les boxeurs enchaînent trois rounds de paos de 5 minutes chacun, trois rounds de sac de 5 minutes également, une heure de corps à corps et l’entraînement se finit par d’interminables exercices de musculation. Des exercices typiques pour renforcés la musculature naturelle des combattants, du style grimpé et descendre d’une corde durant 30 minutes. Un exercice éprouvant mais excellent pour posséder des muscles d’aciers qui permettent d’être puissant en corps à corps !

 

Aucun étranger n’est venu s’entraîner au Sitjaphan, le propriétaire me confie avec le sourire « Si un farang souhaite s’entraîner chez moi, il est le bienvenue, il ne payera rien, mais il doit honorer mon camp en combattant pour le Sitjaphan Gym ! ».

 

Le Sitjaphan ouvre donc ses portes à tous les passionnés de combat, Khru Japhan est un homme très accueillant. Ici, ce n’est pas le luxe, l’infrastructure du camp est simple et bien qu’il soit entouré de végétation exubérante, l’endroit est assez propre…

 

Je terminerai ce reportage par une petite anecdote sympathique sur ce camp. Après avoir réalisé le reportage sur le Sitjaphan, le soir, le père d’un des jeunes combattants me propose de venir avec lui assisté au combat de son fils.

Le combat a lieu à 20 Km d’ici dans le stadium d’Ao Nang, cela tombe bien c’est exactement à cet endroit que ce trouvait mon hôtel, à Ao Nang Beach la station balnéaire la plus célèbre de la région de Krabi.

Nous voilà donc parti, le père du petit boxeur avec trois de ses copains, un ami de la famille qui sert de chauffeur et moi, sept personnes entassées dans la voiture. Une vieille guimbarde qui éclaire la route avec un seul phare et dont le plancher est prêt à s’effondrer. Au bout d’une demi heure de route, à environ 10 Km d’Ao Nang, les ennuies commencent, un pneu éclate, heureusement nous ne roulions pas vite…

Le chauffeur stop sur le bas côté pour réparer, nous sommes en plein campagne, il fait nuit, il n’y a personne sur la route. Le père du boxeur commence à démonter la roue crevée quand soudain la manivelle du cric de la voiture, complètement rouillée, se casse en deux. Impossible de changer le pneu, alors nous repartons sur la route en roulant avec le pneu crevé, nous roulons tant bien que mal pour arriver dans un village.

Au village, aucune personne n’a de cric ou de manivelle à prêter. Nous roulons encore, sur les jantes de la roue qui fait un bruit infernale, jusqu’au prochain village. Les thais sont énervés mais rigolent de la situation avec moi. Ils sont en faite, plus énervés de ne pas pouvoir arriver à temps au stadium pour le combat du petit que de l’état désastreux de la voiture. Car le match du nakmuay commence dans un quart d’heure et nous sommes encore loin du stadium. Enfin, nous trouvons un villageois qui a un cric avec une manivelle. La roue de secours est rapidement mise en place et nous fonçons au stadium d’Ao Nang. Lorsque nous arrivons au stadium, le jeune boxeur a juste le temps d’enfiler son short et ses gants pour monter sur le ring. Sans échauffement, sans massage à l’huile, il fait son match et gagne son combat aux points après avoir failli ne jamais arrivé au stadium. C’est la Thaïlande, c’est le folklore des camps de Muay à la campagne, surprenant, imprévisible, mais tellement attachant…