RAFIK BAKKOURI UN CHAMPION DE MUAY THAI AU PARCOURS ATYPIQUE !!!
Interview par Nicholas READ en 2007
RAFIK BAKKOURI, Je te remercie d’avoir accepté cette interview pour nos lecteurs.
Nicholas Read : Tu es né où, tu as quel âge ?
RAFIK BAKKOURI : Je suis né à Paris, je viens d’avoir 31 ans.
Comment as-tu découvert le Muay Thaï et à quel âge as-tu commencé ?
J’ai découvert le Muay Thaï à 19 ans.
Il y avait une salle de boxe juste en face de chez moi, au stade Bertrand Dauvin à la porte de Clignancourt à Paris : C’est le FRANTHAIFULL. J’avais besoin de faire un sport qui puisse me donner autre chose que le judo que je pratiquais depuis tout petit.
Le Muay Thaï me donne l’occasion d’avoir une meilleure maîtrise de mon corps.
Je me suis mis à travailler la souplesse, mon côté droit et la coordination bras/jambes.
Ce que j’aimais par dessus tout c’était le gros travail de la condition physique et il y avait une bonne ambiance, un état d’esprit que je n’avais jamais vu ailleurs.
Je me suis entraîné pendant deux ans avant de faire ma première compétition et je continu jusqu’à maintenant !
Quel est ton palmarès ?
Mon palmarès est de 42 combats pour 36 victoires et 2 matchs nuls.
J’ai 3 titres de champion de France Classe A consécutifs 2003/2004/2005.
J’ai boxé des grands noms comme Samkor ou Yodsanklai Fairtex.
As-tu déjà été en Thaïlande pour t’entraîner ?
En 1999, j’allais entamer la compétition en classe B.
J’ai décidé d’aller perfectionner mon style en Thaïlande dans les camps d’entraînements.
Là-bas, tu es submergé par la culture du Muay Thaï. Tu peux t’entraîner jusqu’à 7 heures par jour. Ce que l’on fait en 1 mois en France cela correspond à peu près à 6 mois d’entraînement en Thaïlande.
Quel camp fréquentes-tu quand tu pars en Thaïlande ?
Il faut savoir que chaque camp d’entraînement a plus ou moins sa spécialité.
J’en ai fait plusieurs, essentiellement à Bangkok, c’est dans la capitale où presque tout se passe !
Le dernier que j’ai fait a été le Chuwatana Gym, un camp où j’ai eu la chance de m’entraîner avec Lamsongkram (Champion du monde WMC, WBC) et Jomtom Chuwatana (Champion du Radja et de Thaïlande) des spécialistes du corps à corps.
Est-ce que tu vas fréquemment en Thaïlande ?
Depuis 1999, je vais une à deux fois par an en Thaïlande.
As-tu vraiment vu un changement dans ta boxe ?
Tous ces stages en Thaïlande ont perfectionné mon Muay Thaï. Assister à des combats de hauts niveaux, côtoyer des champions thaïlandais, j’ai baigné dans le Muay Thaï !
Que pourrais-tu dire à quelqu’un qui veut faire un stage en Thaïlande ?
Je lui donnerais quelques conseils pour qu’il passe un bon séjour.
– Prévoir un budget pour un mois d’environ 1500 euros en comptant le billet.
– Se doter de traveller chèques et d’un peu d’espèces et avoir une carte de retrait par sécurité
– Avoir une assurance civile pour l’étranger en cas d’accident
– Se renseigner auprès des gens qui ont l’habitude d’aller dans les camps en Thaïlande voir y aller avec quelqu’un qui s’y connaît.
As-tu déjà boxé en Thaïlande ?
Je ne voulais pas boxer en Thaïlande tant que je ne sentais pas que je n’étais pas prêt à affronter des champions thaïlandais.
Cela ne m’intéressait pas de boxer dans les petits stadiums, dans des petites villes ou encore pire dans les bars.
En décembre dernier, j’ai boxé une légende du Muay Thaï dans un tournoi en Italie, Samkor Kiatmontep. J’ai fait un beau combat, j’ai boxé après Moussa Konaté.
A ce moment-là, j’ai décidé d’aller en Thaïlande pour boxer un grand nom du Muay Thaï. J’ai réussi à boxer le n°1 mondial de ma catégorie, Yodsanklai Fairtex. Je l’ai rencontré dans son stadium à Pattaya en direct sur une chaîne nationale. J’ai perdu mais j’étais fier car je pense que j’ai fait une belle prestation !
Qu’est-ce que ce combat t’a apporté dans ta carrière ?
Depuis ce combat, je pense que j’ai pris aux yeux des boxeurs et du milieu du Muay Thai une autre dimension.
Quel a été ton combat le plus dur en Thaïlande et en France ?
Je dois avouer qu’il n’y a pas un combat moins dur qu’un autre que ce soit en Thaïlande ou en France.
Le Muay Thaï est un sport où il faut s’attendre à vivre avec la douleur avant, après et pendant un combat.
Ce qui le rend peut-être moins dur, même si le nak muay en face de vous est très technique et puissant, c’est de trouver la bonne stratégie pour le battre !
Pour ça, il faut être complet techniquement et physiquement !
Mais si je dois en choisir qu’un ce serait mon combat contre le bûcheron des Vosges voir l’enclume, Nicolas Germain !
Peux-tu nous parler de tes plus belles victoires ?
Mes ceintures de champions de France sont des supers souvenirs parce qu’elles sont le fruit d’une année de travail.
J’aime beaucoup voyager et la boxe m’a permis de boxer des champions dans le monde entier.
C’est vraiment canon de voir d’autres cultures grâce au Muay Thaï !
Ça, ce sont de bons souvenirs !
Ce qui est un peu dommage c’est qu’il arrive que des décisions ne reflètent pas la physionomie d’un combat. Heureusement qu’il y a la réaction du public et des proches qui te donnent une idée de ta prestation.
En fait, ma plus belle victoire c’est la satisfaction de mon entraîneur, de ma famille et de mes amis !
Quelles sont tes techniques préférées ?
Mes techniques préférées sont diverses, j’aime les tae khra (low kicks), les tae chiang (middle kicks), les khao (coups de genoux). Mais j’ai une préférence pour les sok (coup de coude).
Préfères-tu affronter des nak muays thaïs ou européens ?
Je n’ai pas de préférences, ce que j’aime ce sont les challenges, boxer contre des grands noms avec des palmarès prestigieux !
Quelle est la principale différence entre les combattants européens et Thaïlandais ?
Déjà, les boxeurs thaï s’entraînent tous les jours, au moins 5 heures par jour, parce que c’est leur gagne pain.
C’est déjà une grosse différence par rapport aux boxeurs français !
Mais il y a aussi une différence plus technique.
Les boxeurs thaïlandais sont toujours en mouvement et peuvent donc lancer leur coups grâce à leurs corps plus rapidement et puissamment !
De nombreux européens et plus généralement les phalangs (étrangers) ont une boxe raide, dépourvue de décontraction et ne peuvent s’exprimer correctement.
Dès qu’un phalang comprend cela, il devient l’égale d’un nak muay Thaïlandais.
Quel est pour toi aujourd’hui, au niveau général, l’état du Muay Thaï en France et mondial ?
A mon avis, le Muay Thaï français est depuis 10 ans, après la Thaïlande, le meilleur au monde.
C’est grâce aux grands champions français, aux entraîneurs français et thaïlandais et aux fédérations qui organisent des compétitions officielles et supervisent les galas, mais surtout grâce à l’amour que porte la France à ce sport !
Beaucoup de jeunes pratiquent le Muay Thai depuis qu’ils sont tout petits. Imaginez à 17 ans de quoi ils seront capables !
Aussi, il faudrait un jour qu’il y ait une fédération unique.
Le Muay Thaï prendra alors une autre dimension en France.
C’est un sport qui est de plus en plus pratiqué à travers le monde.
Je pense que l’émission le Contender peut participer à sa promotion de par sa diffusion internationale.
Peux-tu nous confirmer que tu as bien participé à THE CONTENDER ASIA Muay Thaï ?
Je confirme que j’ai bien participé à l’aventure du Contender Muay Thaï en tant que représentant du Muay Thaï français.
En quoi consiste THE CONTENDER ASIA ?
Le Contender est un tournoi de Muay Thaï à élimination directe sur fond de téléréalité. Nous étions 16 champions d’origines diverses dans une structure fermée, un peu comme « loft story ».
C’est la photocopie du Contender avec Stallone et Sugar Ray mais version Muay Thaï.
Nous étions filmés pendant les entraînements, les combats et même dans la vie de tous les jours.
Je dois avouer que c’était chiant d’être pisté par les caméras !
Les autres participants du Contender Asia :
- YODSANKLAI « The Hero » (Thaïlande)
- ZACH « Zig ZACH » (Singapour)
- Bruce MACFIE « The Preacher » (Australie)
- John WAYNE PARR (Australie)
- David PACQUETTE (Royaume Uni)
- Trevor SMANDYCH (Canada)
- Jose PITU SANS (Espagne)
- NARUEPOL FAIRTEX (Thaïlande)
- Sean WRIGHT (Ecosse)
- James MARTINEZ (U.S.A)
- Dzhabar ASKEROV (Russie)
- Zidov DOMINIK (Croatie)
- Joakim KARLSONN (Suède)
- Alain SYLVESTRE (Canada)
- Soren MONGKONTONG (Australie)
Peux-tu nous parler de ton actualité ? De tes prochains challenges ?
Je n’ai pas de combats programmés jusqu’en mars.
Je suis ouvert à toutes propositions !
J’attends normalement une proposition pour un titre européen EMF courant 2008 et j’attends avec impatience que l’on me propose une ceinture mondiale !
Quels sont tes objectifs pour cette saison ?
Mes objectifs sont de gagner des titres internationaux, faire des grands galas en France et des tournois internationaux de Muay Thaï.
Combien de temps penses-tu continuer la boxe ?
Je pense continuer le Muay Thaï encore deux ans. Mais je dois avouer que je n’ai plus le même plaisir…
Pourquoi ?
Je suis arrivé à un stade de ma carrière où je peux affronter les meilleurs et l’on ne me laisse pas l’opportunité de le faire !
Je pense que c’est le milieu de la boxe qui veut ça !
On protège les champions de ceux qui présentent un danger pour leur carrière !
En France, c’est toujours les mêmes qui boxent dans les galas depuis 10 ans.
Lorsqu’on vous propose un combat, ce sont des bourses qui ne valent pas la peine de monter sur le ring. Car derrière un combat en classe A, tu dois t’entraîner au moins 140 heures avec tous les sacrifices qui vont avec…
Arrives-tu à vivre de ton sport ?
Je ne pense pas que l’on puisse vivre du Muay Thaï en France !
Si c’est le cas c’est une infime minorité et je ne suis pas dans le lot !
As-tu déjà des projets liés au Muay Thaï pour ton après carrière de combattant ?
J’ai toujours aimé donner des conseils et faire progresser mon entourage.
J’enseigne depuis 3 ans dans mon club à Paris aux 101 boulevards Ney dans le 18 ème.
Je suis chargée de la section éducative et féminine du club.
J’ai déjà plusieurs petits champions, j’espère qu’ils continueront !
Le plus important c’est que mes élèves se défoulent et qu’ils passent des bons moments.
A la fin de ma carrière, j’ouvrirais mon propre club et je me lancerais dans la promotion pour offrir aux nak muays, qui le méritent, la chance de se faire connaître.
Tu veux ajouter quelque chose.
Je dédie cette interview à tous les boxeurs de l’ombre qui veulent un jour briller, bosser dur votre Muay Thaï et montrer ce que vous savez faire sur le ring et la chance vous sourira !
Merci d’avoir répondu à cette interview et Chok Dee pour la suite de la part de tous nos lecteurs et notre équipe de SIAM FIGHT MAG.
Depuis 2016 le BAK GYM a ouvert ses portes dans la ville de CAVAILLON.