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RENÉ DESJARDINS

Temps de lecture : 8 minutes
Interview de RENÉ DESJARDINS par Serge TREFEU (2012)
 
 
 
 
 
Bonjour René, tout d’abord je te remercie pour cette interview, comment vas tu ?
Ca va très bien, merci…
Commençons par ta carrière de boxeur, comment tu as découvert la boxe ?
J’ai commencé d’abord par le Karaté avec Roger Paschy en 1971, j’ai commencé tout jeune, ensuite j’ai enchaîné par du Full Contact, à l’époque de Valéra, j’ai été Champion de France Junior de Full Contact. Ensuite j’ai connu la boxe Thai, j’ai de la famille qui habitais en Thaïlande, ma sœur habite ici, et j’ai découvert la boxe Thai en allant en Thaïlande, c’était en 1975. Et à cette époque là, Roger Paschy à commencé la boxe Thai en France, du Kick Boxing d’abord, puis de la boxe Thai…
En 1975, en France, la boxe Thai n’était pas beaucoup connue ?
Non, il n’y en avait pratiquement pas, ce n’était pas très connue, à l’époque il y avait aussi Patrick Brizon qui avait commencé la boxe Thai. Et la première organisation de boxe Thai avec des combats en France c’est faite à Paris au Gymnase Pouchet avec Roger Paschy…
Tu as donc commencé la boxe Thai au club Yamatsuki, chez Roger Paschy ?
Oui, une belle époque, il y avait toute la bande, Daniel Allouche, Omar Benamar, Gilles Tirolien,  Kouider Abdelmoumeni, Jami Mohamed,  Christian Bafir,  mon frère Antoine !
 
 
 
A l’époque du Yamatsuki Gym il y avait quels autres clubs connus ?
Les plus connus c’était le club Brizon Gym et le club Bellonni Gym
Tu as beaucoup combattu en France ?
Je pense qu’en France j’ai été le premier à combattre en boxe Thai, c’était un combat dans un gala organisé par Roger Paschy au Gymnase Pouchet, après j’ai fais pas mal de combat, un peu partout…
Tu as fais combien de combat ?
J’ai fais 50 combats avec 40 victoires, en boxe Thai, Kick Boxing, Full Contact et j’ai même combattu en boxe française contre Charles Million
Est ce que tu as combattu en Thaïlande ?
Oui, j’ai fais quelques combats, pas dans les grands stadium mais sur Bangkok, j’ai combattu deux fois et une fois à Hong Kong, c’était dans les années 80…
Tu es allé t’entraîner dans quel camp en Thaïlande ?
Au camp du Capitaine Naris, à Bangkok, et à l’époque il y avait dans le camp Attapong, Wanphadet, Kiosot, c’était un vrai plaisir de s’entraîner avec ces grands champions !
Et à l’étranger tu as souvent combattu ?
Oui en Hollande, en Angleterre, en Belgique, en Suisse
Dans quelle catégorie tu boxais ?
En 57 Kg
Tu as gagné des titres ?
J’ai été Champion de France de Boxe Thai, Vice Champion d’Europe de Boxe Thai, Champion d’Europe de Kick Boxing et Champion de France Junior de Full Contact
Quels sont les boxeurs connus que tu as affrontés ?
J’ai boxé l’anglais Ronnie Green (Champion du Monde de Boxe Thai, Champion du Monde de Kick Boxing), j’ai gagné par KO contre lui, je l’ai mis KO au quatrième rounds. Et les boxeurs anglais en général me réussissait bien car presque tous ceux que j’ai rencontrés, j’ai les ai mis KO. J’ai battu aux points pour une ceinture de Champion d’Europe de Kick Boxing, l’anglais Howard Brown (Champion du Monde de Kick Boxing). J’ai boxé les hollandais Tekin Donmez (Champion d’Europe de Boxe Thai) et Miloud El Guebli (Champion de Hollande), j’ai perdu aux points contre eux, j’ai rencontré le thaïlandais Soudareth (N° 1 du Lumpinee), j’ai perdu par arrêt sur blessure face à lui…
Tu avais une technique préférée lorsque tu combattais ?
J’aimais beaucoup le corps à corps et j’avais un bon crochet droit !
Quel est ton meilleur souvenir de combattant ?
Ma victoire contre Howard Brown pour la ceinture de Champion d’Europe. C’était un grand champion, il était impressionnant, très musclé, et je l’ai battu chez lui à Manchester, je l’ai battu aux points dans sa discipline le Kick Boxing, parce qu’il n’a pas voulu me rencontrer en Boxe Thai, c’est un grand souvenir !
Ton combat le plus dur dans ta carrière ?
C’est mon combat contre Soudareth. Je dominais aux points au début, mais vers le troisième rounds, il commençais à fatiguer, et là j’ai pris un mauvais coup, un coup de coude dans l’œil qui m’a complètement fermé l’œil, à l’époque les combats avec les coudes c’était normalement interdit en France, mais voilà j’ai perdu sur blessure…
Mon combat contre le hollandais El Guebli aussi a été dur, c’était un combattant du Mejiro Gym, il n’était pas très fort techniquement mais c’était une vrai machine de guerre, il avançait tout le temps, il avait une grosse condition physique, j’ai perdu deux fois contre lui, à Paris et en Hollande…
Quel travail tu faisais à l’époque ?
J’étais étudiant en Science Eco et après j’ai travaillé dans l’informatique. J’avais des journées bien remplies avec l’entraînement puis les cours…
Après ta carrière de boxeur tu as monté ton propre club ?
Oui j’ai enchaîné directement en montant mon club, ce n’était pas facile au début, entre les études, les entraînements, et s’occuper du club…
 
 
 
Tu as donc créé le club Derek, c’était en quelle année ?
C’était en 1984 à la Courneuve
Que signifie « DEREK » ?
DEREK veut dire « DEsjardins, REné,  Kick boxing et c’était en hommage à mon tout premier entraîneur thai…
 
 
 
Pourquoi tu as monté ton club à la Courneuve ?
J’ai eu une opportunité car à l’époque quand tu montais une salle de sport en banlieue tu pouvais avoir des subventions, la mairie nous avait mis à disposition une belle salle. Mais surtout en banlieue il y avait le potentiel pour les boxeurs, il y en avait beaucoup qui « avaient faim ». A l’époque quand on a monté ce club on comparait ça avec les boxeurs mexicains, au Mexique dans beaucoup de quartiers pauvres il y a des salles de boxe, et tout les potentiel est là, dans ces quartiers, ce sont des boxeurs qui en veulent. Et le Derek a percé tout de suite en banlieue…
Tu étais tous seul pour monter ton club ?
Au début j’étais seul mais après j’ai demandé à mon frère de venir m’aider
Ton frère il a combattu aussi ?
Oui c’était un bon combattant mais il c’est blessé au tibia, au péroné, donc il n’a pas pu faire une carrière…
Au début tu avais combien d’adhérent dans ton club ?
Dès le départ on avait déjà une cinquantaine d’adhérents et c’est très vite passé à 100 personnes puis 140 personnes. Et tout de suite il y a des boxeurs qui ont percé…
Quels sont les premiers boxeurs connus du Derek ?
Au début, Khaled Hebieb et Jean-Claude Coralie
Après il y a eu beaucoup de grands champions au Derek ?
Oui beaucoup, il y a eu du monde, désolé si j’en oublie, Omar Benamar et André Zeitoun sont venu s’entraîner, il y a eu Pascal Scalp, Jaïd Seddak, Fabrice Allouche, Stéphane Nikiéma, Léon Mendy, Guillaume Kerner, Joël Cesar, Christian Garros, Lahcene Brigui, Totof, Soso, Jamel Allaoui,  Numbo, Kamel Mayouf,  et bien sur Dida Diafat qui a bien fait connaître la boxe Thai en France. En fait,  je suis content car il y a plein de nom de la boxe thai qui sont passés au Derek, des boxeurs qui ont marqué dans le milieu de la boxe thai. Il y a même eu le chanteur de NTM, Kool Shen qui est venu s’entraîner au Derek !
A l’époque c’était devenu l’un des plus gros clubs de France ?
Oui et même en Europe, le Derek était devenu une bonne référence car tous nos combattants boxaient un peu partout, c’était la belle époque, il y avait pleins de galas, en France, en Europe…
Aujourd’hui qui a repris le club Derek ?
C’est Léon Mendy qui était un très bon combattant et qui est maintenant un excellent entraîneur !
Comment était l’ambiance à l’époque au Derek ?
Il y avait une super ambiance au Derek. En fait, j’appliquais ce que j’avais appris en Thaïlande, le Derek c’était comme un camp, c’était une famille. Les gars ils donnaient tout quand ils venaient s’entraîner. Dans les séances de corps à corps c’était comme en Thaïlande, tu avais un gars au milieu et trois autres gars frais qui tournaient chacun leur tour avec lui, c’était à la thai, c’est pour ça que les gars étaient obligés de progresser. Puis à l’époque il y avait plusieurs très bons clubs, le club de Bellonni, le Lumpinee de Sam Berrandou, l’ES Nanterre de Kouider, le Nemrod de Omar Benamar, c’était une saine concurrence qui motivait tous le monde à aller vers le haut…
Dida Diafat a été l’un des champions les plus charismatiques du Derek, combien de temps il est resté au Derek ?
Dida venait d’un club de Villiers-le-Bel et il a fait pratiquement toute sa carrière ensuite au Derek
Quel meilleur souvenir tu gardes avec Dida ?
Le meilleur souvenir c’est sa victoire contre Ramon Dekkers (Champion du Monde de Boxe Thai, Champion du Monde de Kick Boxing), la première fois quand il l’a ouvert avec un coup de coude. On avait beaucoup travaillé cette technique à la salle. A l’époque tous le monde me disait « mais tu es fou de le faire boxer contre Dekkers », mais Dida l’a battu et il l’a ouvert bien comme il faut. Et la revanche il a encore gagné aux points, Dekkers à l’époque c’était quand même le boxeur le plus fort du moment, une référence mondiale !
Son combat contre le grand champion américain Peter Cunningham (Champion du Monde de Kick Boxing) c’est aussi un grand souvenir (Match nul et une défaite aux points contre Cunningham) !
Un souvenir avec Stéphane Nikiéma ?
Sa première rencontre contre Somsong (Champion du Monde de Boxe Thai), Stéphane avait gagné le combat, il c’est fait volé, c’est un bon et un mauvais souvenir. En fait, j’avais organisé le gala à la Halle Carpentier, et j’étais pris entre deux feux, soit je manifestais mon mécontentement et dans ce cas là c’était le feu dans la salle, parce qu’il y avait toute la communauté des laotiens, cambodgiens, thaïlandais, qui étaient là pour Somsong, et à côté il y avait toute la banlieue qui était pour Nikiéma, et honnêtement Stéphane avait gagné le combat, il c’est fait volé, voilà…
Avec Totof (Mustapha Youcef) ?
Totof c’était un excellent combattant, un « vrai tueur à gage », l’un de ses meilleurs combats qu’il a fait, malheureusement je n’y étais pas, c’était à l’anniversaire du Roi à Bangkok, contre le Thai Pha Pra Kob (Anniversaire du Roi en 1999), il perdait aux points et dans le cinquième rounds il a mis KO le thai, c’est un retournement de situation extraordinaire !
Nikiéma avait fait aussi un combat comme ça, c’était contre Youssop Sor Thanikul (N° 1 Lumpinee de 1979 à 1982), Stéphane était dominé et finalement il a retourné la situation à son avantage, dans le cinquième rounds il a mis KO le thai, un grand souvenir !
 
 
 
Un souvenir avec Fabrice Allouche ?
Son combat contre Lataméne (Pour un championnat d’Europe en 1993), un combat de malade, Fabrice avait pris des coups de folie, il était sonné, et finalement il a mis KO Lataméne. Ce sont des combats comme ça qui font vibrer avec des retournements de situations incroyables !
C’est ce qui fait la beauté de ce sport ?
Exactement !
Un beau souvenir avec Khaled  Hebieb ?
Le meilleur souvenir c’est certainement son premier championnat d’Europe, que j’avais organisé, contre le hollandais Ramkisoen, un combattant du Chakuriki Gym. Khaled avait gagné la ceinture et c’était le premier grand titre pour le Derek !
Et avec Guillaume Kerner ?
Son combat à Bercy contre le thai Wanphadet qui était Champion du Lumpinee et du Radja, pour le titre de champion du Monde, Guillaume a perdu aux points mais le thai a failli être KO sur un High Kick !
Avec Jaïd Seddak ?
Jaïd il a fait tellement de titre que je n’arrive plus à les compter, c’était le meilleur dans sa catégorie !
Il y a eu vraiment beaucoup de champions au Derek ?
Oui, beaucoup, avec Scalp aussi de bon souvenir pour son combat contre Lamkhong, il y avait aussi Joël Cesar qui était très doué, il était puissant et technique, il ne lui manquait pas grand chose pour être de la race des grands champions…
Quel a été ton meilleur souvenir en tant qu’entraîneur ?
C’est difficile, il y en a eu beaucoup, même dans les petits galas j’ai des bons souvenirs, il y en a beaucoup trop. Mais on va dire l’un des plus marquants c’est la rencontre de Dida contre Dekkers !
Aujourd’hui tu es installé en Thaïlande, tu travailles là-bas ?
Oui depuis trois ans
 
 
 
Qu’est ce que tu penses de la boxe thai aujourd’hui en France ?
J’ai de plus en plus de mal à suivre l’actualité en France. Mais le problème actuellement c’est qu’il n’y a pas de structure. Et malheureusement cela fait 30 ans que c’est comme ça, c’est complètement « le bordel ». Une structure se monte et les fondations sont à peine sèche que tous le monde veut « sa part de gâteau », cela ne marche jamais, et cela fait 30 ans que c’est comme ça. En France, je pense que cela sera difficile de faire un jour comme par exemple en Hollande, où ils ont des belles organisations, des structures très professionnelles. Depuis Sami Kebchi, en France il n’y a plus rien. S’il n’y avait pas eu Sami Kebchi qui organisait des grands galas, il n’y aurait jamais eu cet engouement pour la boxe thai. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui c’est devenu difficile d’organiser quand tu n’as pas un gros sponsor ou une télévision derrière toi. Et les boxeurs d’aujourd’hui réclament des bourses que les organisateurs ne peuvent pas payer. Un organisateur ne peut pas compter que sur les billets d’entrées, ce n’est pas possible, la billetterie c’est juste du bonus…
 
 
 
En Thaïlande tu vas assister souvent à des combats ?
Oui souvent, j’aime bien aller au Lumpinee quand il y a des grands galas. Mais je préfère aller voir les combats à la TV7, c’est le top du top, quand tu vas à la TV7 tu n’es jamais déçu, tu as toujours des beaux combats, les boxeurs se donnent à fond, ils ne calculent pas. Le problème des combats avec les grands champions au Lumpinee et au Radja c’est qu’il y a trop d’enjeu, les combattants se contrôlent, se maîtrisent, ils ne se lâchent pas comme à la TV7, en général au quatrième rounds c’est fait au cinquième rounds ils tournent, ce n’est pas pareil qu’à la TV7, ce sont des grands champions au Lumpinee et au Radja, et les combats sont meilleurs techniquement mais les combats ne sont pas aussi engagés qu’à la TV7, souvent à la TV7 ce sont des jeunes qui « ont faim » et qui veulent se montrer. Tous les dimanche à la TV7, il y a toujours des grands combats, en plus c’est gratuit et on peut voir Pud Pad Noy, une légende, il y est tous les dimanche !
 
 
Tu veux ajouter quelque chose ?
Ben j’ai fais le tour, voilà, j’ai commencé par le karaté, le judo puis le muay thai ensuite entraîneur et maintenant je vis en Thaïlande, voilà, c’est bien…
Je te remercie pour cette interview et bonne chance pour tes projets
Merci à toi
 
 
 
René Desjardins fait parti des pionniers de la boxe thai en France, cet homme passionné de Muay Thai a formé et entraîné les plus grands champions français des années 90. Au même titre que son ancien camarade de club Omar Benamar, le célèbre entraîneur du Nemrod, René Desjardins était aussi un entraîneur hors normes, capable de dénicher le meilleur potentiel d’un boxeur pour l’amener au plus haut niveau. Épaulé par son frère Antoine, ensemble, pendant de longues années, ils ont entraîné et préparé les plus grands combattants des années 90, l’âge d’or du Muay Thai français. Leurs club le DEREK BOXING était une véritable usine à champion, dans les années 90 c’était le club référence en France et en Europe, c’est devenu un club mythique !
 
Combattants des années 90/2000 du club DEREK : 
Khaled Hebieb (Champion du Monde de Boxe Thai, Champion d’Europe de Boxe Thai), 
Jean-Claude Coralie (Champion de France de Boxe Thai),  Pascal Scalp (champion de France de Boxe Thai), Jaïd Seddak (Champion du Monde de Boxe Thai, Champion du Monde de Kick Boxing, Champion d’Europe de Boxe Thai, Champion d’Europe de Kick Boxing),  Fabrice Allouche (Champion du Monde de Kick Boxing, Champion d’Europe de Boxe Thai),  Stéphane Nikiéma (Champion du Monde de Boxe Thai, Champion d’Europe de Boxe Thai),  Guillaume Kerner (Champion du Monde de Boxe Thai, Champion d’Europe de Boxe Thai),  Joël Cesar (Champion du Monde de Boxe Thai),  Lahcene Brigui (Champion de France de Boxe Thai),  Totof (Champion du Monde de Boxe Thai, Champion d’Europe de Boxe Thai),  Kamel Mayouf (Champion d’Europe de Boxe Thai,  Champion de France de Boxe Thai), Christian Garros (Champion d’Europe de Boxe Thai,  Champion de France de Boxe Thai), Abdoul Touré (Champion d’Europe de Boxe Thai, Champion de France de Boxe Thai), Dida Diafat (Champion du Monde de Boxe Thai, Champion du Monde de Kick Boxing) 
 
RENÉ DESJARDINS
 
 
 
Poids :  57 Kg
Nombre de combat :  50. 40 victoires. 10 défaites
Titre : Champion d’Europe de Kick Boxing. Champion de France de Boxe Thai. Champion de France Junior de Full Contact
Club : YAMATSUKI
Team : DEREK
 
DEREK Boxing 
Gymnase Béatrice Hess
43 av. du Général-Leclerc
93120 La Courneuve 
Website : www.derek-boxing.com