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ROGER PASCHY

Temps de lecture : 8 minutes

Interview de ROGER PASCHY par Serge TREFEU (2013)

(Merci à Cathy PASCHY)

 

 

Tout d’abord merci beaucoup Roger de m’accorder cette interview, si tu le veux bien nous commencerons par ta grande carrière de combattant. Tu as débuté les sports de combats par le Judo et le Karaté, qu’est ce qui t’a amené à pousser la porte d’un Dojo ?

Effectivement, j’ai commencé à pratiquer du judo puis du Karaté avec Maître TAIJI KASE. Un jour en me promenant avec ma femme dans les rues de Paris, nous avons trouvé un kimono, dans une poubelle. A l’époque, nous avions très peu de moyens. Ma femme l’a pris, l’a lavé, puis me l’a donné pour que je l’essaie. Incroyable ! le kimono m’allait comme un gant. Instinctivement, je me suis mis devant le miroir et j’ai effectué quelques mouvements sans avoir aucune connaissance des arts martiaux…

Ma femme me dit : on dirait un grand Maître dans ce kimono !

Et tout est parti de là. J’ai acheté des bouquins pour me familiariser avec les techniques du karaté. Puis, j’ai été dans le club de Maître KASE pour assister à un cours d’essai. A l’époque je n’avais pas les moyens de m’inscrire alors, je venais regarder les cours. Maître KASE m’avait repéré et à chaque fois, il me faisait participer au cours une vingtaine de minutes…

Comment s’est passée ta première rencontre avec le monde des arts martiaux ?

Bizarrement, lorsque j’ai poussé la porte du Dojo pour la première fois, je me suis senti immédiatement à l’aise, cet environnement m’était familier et quand à ma première leçon, je n’ai eu aucune difficulté à exécuter les techniques et ceux sans aucune prétention. J’ai tout de suite ressenti que ce serait mon univers !

Tu as rapidement obtenu des bons résultats en Karaté avec plusieurs titres de champion de France puis de champion d’Europe, combien de titres tu as remporté ?

3ème de la coupe de France Karaté en 1968, Finaliste au championnat de France Karaté en 1972, 3 fois Champion de France de Karaté (1973, 1974, 1975), Plusieurs fois demi-finaliste et finaliste de la coupe de France et du championnat de France Karaté avec l’équipe de l’ASPP, 3 fois Champion d’Europe de Karaté (1972, 1974, 1975), 3 fois Champion d’Europe par équipe Karaté, Vainqueur de la coupe Internationale Technique à Paris de Karaté en 1971, Membre de l’équipe de France championne du monde de Karaté en 1972, Demi-finaliste au Championnat du Monde de Karaté (toutes catégories – USA ) en 1975, 18 fois international Karaté !

Quel a été ton adversaire le plus coriace en Karaté durant ta carrière ?

Je n’ai pas souvenance d’avoir combattu avec un adversaire plus dur ou coriace. Je m’adaptais et j’improvisais en fonction de leur technique

A l’époque certains champions français de karaté avaient une spécialité comme Dominique Valéra avec ses « balayages » spéciaux, quelle était ta spécialité technique en combat ?

Ma technique favorite était le « mawashi geri ». Mais, ma particularité comme je l’ai indiqué ci-dessus, était d’improviser et d’inventer des enchaînements en fonction de mes adversaires…

En 1975 tu as représenté la France au Championnat du Monde de Karaté à Long Beach aux États-Unis, tu étais notamment au côté de Dominique Valéra et tu t’es classé troisième en individuel, une place honorable, quel souvenir tu gardes de ses championnats du Monde à Long Beach ?

Je considère qu’il y a eu tricherie. L’arbitre étant un japonais a donné vainqueur son compatriote (Murakami, futur Champion du Monde) alors que je menais le combat, qui plus est, il a failli abandonner !

Quel souvenir tu gardes de tes combats en karaté ?

Lors des combats, ma capacité à deviner les mouvements avant même que mes adversaires les exécutent ce qui me permettais de contrer. J’éprouvais une grande satisfaction.

Tu fais partis des pionniers du Full-Contact en France avec un parcours excellent comprenant plusieurs combats professionnels et un titre de champion d’Europe, c’était en quelle année que tu as conquis ce titre et contre quel adversaire ?

En 1976, j’ai battu par KO le hollandais Jhon de Ruyter puis Kemal Zeriat en final

CHAMPIONNAT D’EUROPE DE FULL CONTACT

Lorsque tu combattais en Full-Contact les sensations étaient différentes par rapport au karaté ?

Oui, les sensations sont différentes. C’est un mélange de Kick et de Karaté…

Quel a été ton combat le plus dur dans ta carrière en Full-Contact ?

Je n’ai pas gardé de souvenir d’un combat plus dur que d’autre !

Après avoir combattu en Full-contact, tu es parti en Asie pour combattre en Kick Boxing et Boxe Thai, tu as combattu plusieurs fois en Thaïlande, c’était en quelle année ?

Je ne me souviens plus très bien, je crois que c’était en 1983 / 1984. J’ai fais 14 combats professionnels en Kick Boxing dont 5 à Bangkok et j’ai rencontré à Amsterdam le boxeur Ron Kuyt (Champion d’Europe de Kick Boxing) du club CHAKURIKI !

Tu as découvert la boxe thai en voyageant en Thaïlande ou tu connaissais ce sport avant car à ton époque en France personne n’avait entendu parler de la boxe thai ?

Oui, c’est lors d’un voyage en Thaïlande avec ma femme pour les vacances que j’ai découvert ce sport

Tu t’es entraîné dans un camp pour préparer tes combats en Thaïlande ?

Oui, je me suis entraîné dans un camp militaire dirigé par le Capitaine NARIS

Quels étaient les champions connus de l’époque en Thaïlande ?

Samart, Attapong (Fanta), Dieselnoy, Somsong, Krongsak…

Grâce à ton coup de foudre pour ce sport, tu es devenu le précurseur de la boxe thaïlandaise en France, en l’important sur notre territoire, est ce que cela a été difficile d’imposer ce nouveau sport en France ?

Oui, cela a été très dur. Pour faire reconnaître la boxe-thaï en France, j’ai dû d’abord dire qu’il s’agissait d’un sport nommé « Kick-Boxing ». A l’époque et par défaut d’information, les gens disaient que c’était un sport violent, dangereux etc…

En 1977 tu as ouvert ton club de Karaté puis de Boxe Thai et tu l’as nommé « Yamatsuki », pourquoi ce nom c’était en référence à ta carrière de karatéka ?

YAMATSUKI veut dire coup de poing, d’ailleurs, ce coup de poing représentait l’emblème, le logo du club

Tes élèves ont rapidement obtenu d’excellent résultat, quels souvenirs tu gardes de tes premières années d’entraîneurs dans ton club ?

Je garde d’excellents souvenirs en ma qualité d’entraîneur. Mes élèves ont été eux-mêmes d’excellents combattants, et sont devenus à leur tour des champions puis des entraîneurs. Nous formions une sacré équipe. Je suis tellement fier d’eux !

LA DREAM TEAM DU YAMATSUKI DE GAUCHE A DROITE : GILLES TIROLIEN, DANIEL ALLOUCHE, ANTOINE DESJARDINS, RENE DESJARDIN, JAMI MOHAMED, KOUIDER ABDELMOUMENI, CHRISTIAN BAFIR ET MASTER PASCHY (IL MANQUE SUR LA PHOTO OMAR BENAMAR ET JEAN-LUC LEGOUEZ POUR COMPLÉTER L’EQUIPE !)

PHOTO PASCAL IGLICKI

Tu as ensuite formé énormément de champions, et au début des années 80, le Yamatsuki est devenu une référence en France et en Europe, quels sont les champions que tu as formé ?

Il y a eu les frères DESJARDIN, Jean-Luc LEGOUEZ, Gilles TIROLIEN, Kouider ABDELMOUMENI, Jami MOHAMED, Omar BENAMAR, Christian BAFIR, Daniel ALLOUCHE, Chen, Candale,… qui sont devenus pour certains d’abord, champions de karaté puis en Boxe Thaï. J’ai dû certainement oublier des noms, et je m’en excuse…

YAMATSUKI GYM

Tes élèves partaient souvent combattre en Hollande, la Hollande c’était là-bas que les meilleurs combattants européens se trouvaient à l’époque ?

Oui, c’est là-bas que se trouvaient les meilleurs combattants et également en Angleterre

Tu as eu beaucoup d’élèves mais ont peu dire qu’à une époque tu as eu une Team de rêve avec Daniel Allouche, Omar Benamar, Kouider Abdelmoumeni, Jami Mohamed, les frères Desjardins, Jean-Luc Legouez, Christian Bafir, Gilles Tirolien, André Zeitoun, Saïd Bouzid quels souvenirs tu gardes de cette équipe de grand combattants ?

Il y en a eu d’autres aussi, et je m’excuse encore une fois d’avoir oublié des noms… Je suis fier d’avoir était leur entraîneur, d’avoir partagé avec eux tous ces moments mémorables et inoubliables. C’était des guerriers respectueux et respectés !

Daniel Allouche est devenu le plus grand speaker français, Omar Benamar, Kouider Abdelmoumeni, les frères Desjardins, André Zeitoun, sont devenus des entraîneurs de références, tu es fier de leur parcours ?

Je suis extrêmement fier et très heureux pour eux de leur belle réussite. Je souhaite que cela continue pour eux et que leurs élèves à leur tour en face de même

Dans les années 70, c’est aussi toi qui a monté les premiers galas de boxe thai en France, le premier je crois a été en 1978 avec en combat vedette le jeune Rob Kaman (18 ans) contre le champion français Carillon, cela été compliqué à organiser un gala de boxe thai à cette époque ?

Oui, extrêmement difficile. Toutes les portes étaient fermées dès qu’il s’agissait de la Boxe Thaï. Car comme je l’ai mentionné ci-dessus, à l’époque la Boxe-Thaï était considérée comme un sport violent et donc pas reconnu. Il fallait ruser par d’autres moyens…

ROGER PASCHY AVEC ROB KAMAN

Ensuite, tu as enchaîné les galas avec succès et tu as également été le premier organisateur à faire venir combattre des champions thaïlandais en France comme Attapong, Nonglek, Somsong puis Krongsak, les français découvraient les invincibles thaïlandais, est ce que c’était difficile de trouver des opposants face à ces terreurs des rings ?

Oui, et les seuls combattants qui acceptaient de combattre étaient les hollandais ou les anglais

Tu as organisé au Cirque d’Hivers, à l’Elysée Montmartre, à la salle Maubert Mutualité, petit Bercy, combien tu as monté de gala durant toutes ces années ?

Environ 30 galas !

Quel sont tes souvenirs en tant qu’organisateur ?

Les galas annonçaient « salle pleine » à chaque fois, les plateaux des boxeurs, les boxeurs eux-mêmes se surpassaient au combat. Des prises de contacts qui s’avéraient de plus en plus positif pour permettre à la Boxe Thaï d’être reconnue, comme les médias, radios, magazine…

Aujourd’hui que penses-tu des galas de boxe thai en France, par exemple du grand gala qu’il y a eu dernièrement à la Hall Carpentier, le Best Of Siam ?

Très belle réussite, nous avons pu assister à des combats de qualité. D’ailleurs, j’ai hâte d’être au BEST OF SIAM, le 14 février 2013 !

Tu penses que la boxe thai en France à encore de beaux jours ?

Oui, encore de très beaux jours

Que penses-tu du port des coudières pour les combats en France, selon toi c’est nécessaire ou est-ce que cela dénature la boxe thai ?

Cela dénature peut-être la Boxe Thai, mais lorsque l’on sait les ravages que peuvent faire les coups de coude, alors je suis pour le port des coudières et ce afin de protéger les combattants

La boxe thai a beaucoup évolué depuis 30 ans, que penses-tu des jeunes d’aujourd’hui, est ce qu’ils sont aussi « guerrier » qu’à ton époque ?

Le niveau européen a vraiment progressé, techniquement les jeunes de maintenant sont au top mais à mon avis et c’est strictement personnel, ils ne sont pas aussi guerriers qu’à l’époque. Les objectifs, les enjeux ne sont plus les mêmes non plus…

En parallèle avec ta carrière de compétiteur tu as tourné dans de nombreux films, le plus marquant entre autres est le fameux « Docteur Justice », quel souvenir tu gardes du tournage de ce film ?

J’en garde un excellent souvenir. Sur le plateau de tournage, les acteurs m’avaient demandé de leur consacrer un peu de temps pour un entraînement quotidien et eux en échange me donnaient des cours d’arts dramatique. L’ambiance était d’une toute simplicité. Durant cette période où je faisais beaucoup de cinéma, ma femme et mes filles ont pris la relève en organisant une vingtaine de galas !

Tu as tourné aussi dans des films à Hong Kong avec notamment des scènes de combats spectaculaires face au célèbre acteur de l’époque John Liu dans « Dragon Blood », « The Crunch Punch », « Ninja in the Claws of The CIA », et « Zen Kwan Do Strikes in Paris » ces scènes de combats contre John Liu ont dû être compliqué à réaliser, surtout celle du combat sur le bateau dans « Zen Kwan Do Strikes in Paris », tu t’en souviens ?

Oui, bien évidemment, je m’en souviens. Pour tous les films que j’ai pu tourner, je proposais et réglais les scènes de combat. J’avais cette vision de ce qui pouvait bien rendre à l’écran ou pas…

Parmi les nombreuses facettes de ton incroyable épopée, en tant que combattant, entraîneur, organisateur et acteur, dans laquelle tu t’es le plus épanoui ?

Je me suis le plus épanoui dans ma carrière sportive en tant que combattant, entraîneur et organisateur. C’est trois fonctions m’ont apporté différentes richesses comme le respect, la reconnaissance, le contact humain, l’enseignement…

Tu veux ajouter quelque chose ?

Je souhaite vivement que la Boxe thai continue sur cette voie !

Un grand Merci pour cette interview !

 

ROGER PASCHY sera présent en tant qu’invité d’honneur au Gala « Best Of Siam 3 », le 14 Février, à la Halle Carpentier, ainsi qu’au gala « Warriors Night » le 2 mars, au Palais des Sports de Levallois !

Roger PASCHY est une légende des Arts Martiaux. Un grand karatéka qui possédait une technique redoutable, véritable guerrier, il a écumé tous les tatamis de la planète. Son incroyable charisme et sa belle carrière de combattant lui ont permis de rentrer dans le monde du cinéma, et d’imposer son style dans les films d’action.

Dans les années 70 après plusieurs rôles dans des films d’action, certains spécialistes vont même jusqu’à le comparer à la star international du moment Bruce LEE, à juste titre car Roger Paschy c’est un peu notre Bruce Lee français. En effet, c’est l’un des premiers combattant français d’art martiaux à manier le nunchaku et à l’introduire en France !

Mais pour tous les passionnés de Muay Thai, Master PASCHY, c’est LE précurseur de la boxe thaïlandaise en France, et on peut dire aussi l’un des grands pionniers en Europe. Avec l’autre samouraï des rings, Patrick Brizon (Paix à son âme), ils ont fait découvrir aux français le Muay Thai, cet art ancestral qui est né en Thaïlande.

A l’époque, dans les années 80, les médias étaient vraiment retissant envers la boxe thai, ce nouveau sport était jugé trop violent à leur goût. Mais Roger Paschy va persister pour introduire ce sport dans l’hexagone, un sport dont il est tombé amoureux avec passion. Cet homme exceptionnel va alors se démener pour faire découvrir ce sport dans toute la France, en organisant des démonstrations et des stages.

DÉMONSTRATION DE BOXE THAI AVEC LE GRAND CHAMPION SOUDARETH

Alors son sport va commencé à être connu, des compétitions vont voir le jour, la machine était lancée, la boxe thai allait déferler sur la France, grâce à la persévérance et le talent de Mr Paschy.

Il créé son club, le YAMATSUKI, et forme une pléiade de champions qui sont devenus ensuite des acteurs majeurs dans l’évolution de la boxe thai. Parmi ses élèves certains ont écrit l’histoire du Muay Thai français comme Bahfir, Kouider, Jami, Legouez, Benamar, Desjardins, Tirolien, Allouche (Daniel et Fabrice), Zeitoun, Jaid Seddak, des noms qui résonnent encore dans les salles de boxe…

C’est également Roger Paschy qui organise les premiers galas de boxe thai dans des endroits mythiques de la région parisienne, au Cirque d’Hivers, à l’Elysée Montmartre, à la salle Maubert Mutualité, à la salle Wagram avec à chaque fois des salles combles !

Ses galas ont beaucoup de succès car Roger Paschy a réussi le tour de force de ramener en France des grands champions thaïlandais. Les parisiens découvraient pour la première fois des champions de légendes tels que Somsong, Attapong, Nonglek, Krongsak, Kiosot, Wanphadet, Samart, des terreurs des rings qui allaient marquer l’esprit du public français à tout jamais…

Le Muay Thai doit beaucoup à cette figure emblématique de notre sport, MERCI KHRU PASCHY, nous ne vous remercierons jamais assez de ce que vous avez fait pour la boxe thai !

 

Roger Paschy
Né le 9 septembre 1944 à Saïgon (Vietnam)
Taille: 1,73 m
6e dan de Karaté
Quatre enfants

Palmarès:

Karaté
Champion du monde par équipes en 1972
Demi-finaliste au Championnat du Monde de Karaté (toutes catégories – USA ) en 1975
Champion d’Europe par équipe en 1972, 74, 75
Vainqueur de la Coupe Internationale technique à Paris en 1971
Champion de France en 1973, 74, 75, finaliste en 72
Full Contact

Plusieurs fois finaliste de la Coupe et du Championnat de France par équipes
Champion d’Europe en 1976

Boxe Thaï
14 combats professionnels dont 5 à Bangkok

Livre

Kick Boxing – Muay Thai

Karaté Technique et Efficacité

Filmographie
Docteur Justice, La Casse, Dragon Blood, Made in CIA, Zen Kwan Do Strikes in Paris, Gwendoline, Tu rentres ou tu meurs, Les Keufs, The Crunch Punch, Ninja in the Claws of The CIA
 

FILM DOCTEUR JUSTICE

FILM ZEN KWAN DO STRIKES IN PARIS

LA FAMEUSE SCÈNE DE COMBAT SUR LE BATEAU DANS « ZEN KWAN DO STRIKES IN PARIS »