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SAK YANT ET NAK MUAY

Temps de lecture : 4 minutes

SAK YANT ET NAK MUAY

special report by Serge TREFEU (2008)

Le « Sak Yant » est le nom thaï pour les tatouages sacrés dessinés sur la peau. Sak veut dire tatouage et Yant est un mot dérivé du sanskrit qui à l’origine ce dit « Yantra ». Les Yants existent depuis des siècles en Inde et ont été adaptés par les Thaïs quand le bouddhisme est arrivé en Thaïlande. La civilisation Khmer a aussi beaucoup influencé les lettres du Yant car à l’époque les Khmer qui possédaient de puissant sort magique étaient très redoutés par les Thaïs. Ces tatouages sacrés aux dessins géométriques étaient fait uniquement par des moines bouddhistes ou des Saint Hommes (Brahmanes).

Le tatouage était destiné à procurer une protection magique contre le mauvais sort et apporter de la chance à ceux qui le portait. La tradition antique voulait que les guerriers soient tatoués pour rendre leurs corps glissants et durs, les protégeant ainsi durant les batailles contre les armes pénétrantes, tel que, épées, lances, flèches ou couteaux.

Mais certains guerriers en plus de la protection magique, se recouvraient le corps de Yants pour obtenir aussi un avantage psychologique sur leurs ennemies.

Ces tatouages font parties intégrantes de la culture thaïe et énormément de thaïlandais sont tatoués. Les tatouages de Yant sont portés par des personnes de tous les niveaux de la société thaïe, du plus simple paysan jusqu’à l’important politicien.

Mais aussi des délinquants et des chefs mafieux qui se font souvent tatouer des Yant appelé « Maha Ud » (censé pouvoir arrêter une balle). Les femmes thaïs se font très rarement tatoué à l’encre mais plutôt à l’huile. En effet, le tatouage peut être aussi fait avec de l’huile. Ce qui le rend invisible sur la peau mais l’effet magique est tout aussi bénéfique. D’ailleurs, certains thaïlandais qui ont des professions dont le contact visuel est important avec le publique comme les professeurs, les infirmières, les médecins, les avocats ou même les militaires préfèrent se faire tatouer à l’huile.

Le tatouage est avant tout un rituel initiatique spirituel dont les personnes doivent en principe observer des règles très strictes après avoir été tatoués.

Avant le tatouage, l’initié fait une offrande symbolique au maître (Ajahn). Elle se compose en générale de fleurs, de trois encens, d’un paquet de cigarette, de noix de bétel enrobé dans une feuille et d’une petite somme d’argent (souvent pas plus de 100 bahts). Mais aussi toute chose que vous souhaitez offrir au maître.

Le disciple (Luksit) présente son dos au maître qui le tatoue avec une aiguille d’environs 60 cm de long (Mai Sak) qu’il plonge dans un récipient rempli d’encre spéciale.

L’Ajahn dessine des Yants suivant son inspiration personnelle. Parfois des yants d’animaux sous formes simplifiées ou sous une forme mythique du Ramakian (mythologie thaï), de yant Gao Yord (montagne sacrée au centre de l’univers), de Lersi (Hermite) etc.

Il existe une multitude de Yants qui sont généralement accompagnés par des inscriptions sacrées écrites en Khom ou Khmer ancien.

Lorsque le tatouage est terminé, le maître pose sur la tête du disciple un masque représentant une divinité brahmaniqueou un ascète (Lersi). Le maître fait ensuite rentrer l’esprit de la divinité dans le tatouage en récitant des mantras (prières), ce moment est appeler «krop khru ». Le disciple rentre en communion avec les esprits par le biais du maître. Le disciple est alors en transe (khong keun) comme si une puissance s’emparait de son corps…

La Thaïlande compte un nombre important d’Ajahn tatoueur qui sont disséminés au quatre coins du pays. Ils sont tous énormément respectés et certains d’entre eux tatouent plus de cent personnes par jour !

Parmi les nakmuay quelques uns ont des tatouages traditionnels car les boxeurs en général sont très croyants et souvent superstitieux. Soit ils se font tatouer pour avoir de la chance au quotidien ou pour une protection spirituelle qui leurs éviterait un mauvais coup durant un combat. Certains boxeurs n’ont pas nécessairement le dos ou le torse couvert de Yant mais ont juste un ou deux Yants sur leur corps. C’est le cas de grand champion comme Samart Payakaroon (5 fois champion du Lumpinee) qui a deux yants, un sur l’épaule et l’autre sur le torse. Ou de Yodseanklai Fairtex (champion du Lumpinee, Champion du Monde) qui a cinq yants, un sur chaque épaule, des poinçons de flèches (muut thanu) sur chaque main et un dernier sur la gorge.

D’autres champions comme Wanlop Sitpholek (champion du monde, champion de Thailande) et Hein Phutong (grand Champion du Cambodge, la culture des sak yants existe aussi au Cambodge, au Laos et en Birmanie) ont beaucoup de yants sur le corps, dans le dos et sur le torse.

Aussi des champions se font tatouer simplement à l’huile comme Yotchai Keannorasing (champion du Radja en boxe anglaise) et Danny Bill (Champion du Monde de Muay Thai) qui ce sont  fait tatouer par un grand maître, Ajahn Keaw.

Ajahn Keaw est un maître tatoueur très respecté. Il habite à Bangkok dans un quartier au nord de la ville. Sa maison est connue de tout le monde tant sa réputation est grande.

Ajahn Keaw c’est lié d’amitié avec deux grands nakmuay français, Jean-Charles Skarbowsky (Champion d’Europe, N° 1 au Radja en 2003 et 2006) et Stéphane Nikiéma (Champion du Monde, champion d’Europe). Tout les deux sont devenus ses disciples et portent aujourd’hui ses yants sacrés sur leurs corps. Jean-Charles Skarbowsky c’est fait tatouer des dizaines de fois, d’abords à l’huile puis ensuite à l’encre. Il a souvent participé à la journée du maître qui se déroule tout les ans le 9 décembre dans un temple de Bangkok. Ajahn Keaw réuni tous ses disciples parfois plus de 3000 personnes et les bénis tous un par un.

Aussi il a accompagné le maître durant son pèlerinage sacré annuel qui consiste à visiter près de 45 temples durant un peu plus d’un mois…

Ajahn Keaw en plus d’être un personnage spirituel important est un homme généreux et d’une grande gentillesse. Il aide souvent les plus démunis qui viennent le consulter pour régler des problèmes familiaux. Ajahn Keaw offre ses conseils sans retenus. Il partage parfois ses repas et allant même jusqu’à donner de l’argent aux personnes pour les dépanner. Toujours à la disposition de ses disciples, il est rarement longtemps absent de chez lui. En effet, il a besoin de son aura spirituelle qui règne au sein de sa maison.

Elle est tellement forte qu’il lui est presque impossible de s’éloigner très loin de sa demeure…

Très peu de Farang (étranger) porte des tatouages traditionnels thaï, en général ce sont des amoureux de la culture thaïlandaise. Dans les années 90, Fabrice Payen (champion du monde, N° 3 du Radja en 1989) a été l’un des premiers champion étranger à ce faire tatouer en Thaïlande par un maître tatoueur. Plus tard, d’autres grand nak muay étrangers tels les australiens John Wayne Parr (champion du monde) et Nugget McNaught (champion du monde) se sont aussi initiés aux rites des tatouages thaïs.

Aujourd’hui, plusieurs boxeurs étrangers se sont fait tatouer par des maîtres tatoueurs connus. Par exemple Ajahn Keaw a tatoué des français mais aussi des anglais et des américains.

Preuves que les thaïlandais sont très ouverts en faisant partager leurs arts ancestraux aux farangs. Mais les thaïs comme pour le Muay Thai ne  divulguent leurs secrets qu’aux étrangers les plus respectueux et amoureux envers leurs cultures…

(Pour plus d’infos sur les Yants voir le site www.buddha-amulet.net)